Les défaillances d’entreprises retrouvent leur plus bas de 2007
Le nombre de défaillances d’entreprises affiche globalement un recul important, ce troisième trimestre, de 6,4 % sur un an, un niveau bas inégalé depuis 2007. Point noir, les grandes PME accusent une hausse de sinistralité, et partant plus d’emplois sont menacés.
La situation s’améliore sur le front des défaillances d’entreprises. Ce troisième trimestre 10 500 procédures collectives ont été enregistrées, selon le dernier bilan trimestriel d’Altares, spécialiste de l’information sur les entreprises. Soit une baisse de 6,4% (chiffre corrigé d’une procédure touchant 350 sociétés à la Réunion). En comparaison avec la période estivale de 2018, le nombre de liquidations judiciaires s’inscrit en fort recul, à -8%, en lien avec la résistance des TPE. Et la situation des petites entreprises de 3 à 20 salariés s’améliore nettement (-14%). Ce trimestre est toutefois marqué par une accélération de la sinistralité des grandes PME (plus de 50 salariés), en hausse de 30 % par rapport à la même période de l’an dernier. Conséquence, le nombre d’emplois menacés s’est accru de 2 350, pour un total de quelque 37 300. A elles seules, les 73 grandes PME passées par le tribunal cet été (contre 56, un an auparavant) concentrent près du tiers des postes en danger, précise Altares.
Retournement de situation en régions
Un retournement de la sinistralité à la hausse a marqué les régions dont le nombre de défaillances était à la baisse l’année précédente et vice versa. Ainsi, les procédures en Auvergne-Rhône-Alpes (+4%) et PACA (Provence-Alpes-Côte-d’azur) (+5,5%) se sont accrues cet été, après avoir reculé un an plutôt. A l’inverse, l’Ile de France (-9%), le Grand Est (-12%), la Normandie (-20%) ou encore, dans une moindre mesure, les Hauts-de-France (-8%) affichent une baisse des défaillances au cours de ce troisième trimestre, après un bond des sinistres un an auparavant ( respectivement +5,+16,+13 et +11%). La situation s’est stabilisée en Bourgogne-Franche-Comté avec 425 procédures ouvertes. Dans le même sens, la région des Pays-de-la-Loire enregistre une performance similaire au troisième trimestre 2018 (-5%).
Baisse dans l’industrie et la restauration
Côté secteur, la construction inverse la tendance : la sinistralité recule de 8% à 2 536 procédures, contre une augmentation de 2,7 % en 2018. De nombreux corps de métier s’inscrivent dans le vert, à l’exception du gros-oeuvre (avec des règlements judiciaires en hausse de 20 %) et de la construction de maisons individuelles. Celle-ci a subi la plus forte dégradation depuis quatre ans, note Altares, avec 180 défaillances (+19%), impactée par le recul des mises en chantier. Même situation délicate pour les ventes entre professionnels de matériaux de construction (+40,5%).
Dans le commerce, en baisse globalement de près de 6 %, si le secteur entretien et réparation (-19%), la boucherie (-23%) et le meuble (-11%) sont bien orientés, l’automobile, l’habillement et l’activité bricolage et équipement du foyer dérapent respectivement de 2%, 3,6% et 3,3%.
L’industrie s’inscrit également sur une tendance baissière (-8,2%), soutenue par l’agroalimentaire (-19,5%), tandis que le secteur manufacturier évolue défavorablement.
Du côté des services aux entreprises, l’évolution des défaillances dans ce secteur reste limitée à + 0,7%. Notons la mauvaise orientation des activités de conseil en communication et gestion (+33%), en particulier le conseil pour les affaires et gestion (+36 %, plus de 200 défaillances). Par ailleurs, les relations publiques, les activités d’architecture et le nettoyage courant des bâtiments donnent aussi des signes de tension.
L’information et communication de son côté est à la peine (+16,6%), essentiellement dans les services informatiques et édition de logiciels (+8,4%) et dans les autres activités information et communication (+31,5%).
Dans le transport routier de marchandises, la sinistralité du fret interurbain a battu le record des dix ans avec 90 défaillances (+8%) ce troisième trimestre. En revanche, le fret de proximité accuse une nette baisse des procédures collectives (-25%). Enfin, dans le secteur de restauration, la tendance est aussi favorable (-11%).
Pour l’ensemble de l’année, Altares table sur 53 000 défaillances d’entreprises, contre 54 700 en 2018, avec 90 % de TPE touchées. Pour autant, Thierry Millon, directeur des études Altares, reste prudent, qui observe « une dégradation des comportements de paiement depuis ce printemps » et ce, dans un contexte social de fin d’année tendu.
Zakaria ANAGRA et B.L