Les Compagnons du devoir attirent toujours les jeunes
Environ 400 personnes se sont rendues aux portes ouvertes de la Maison de Rouen des Compagnons du devoir. De futurs artisans séduits par l’environnement d’apprentissage.
Qui a dit que l’artisanat n’attirait plus ? Aux Compagnons du Devoir, en tout cas, le recrutement s’annonce prometteur pour la prochaine rentrée. A Mont-Saint-Aignan, les 20 et 21 janvier, le haut lieu de l’artisanat d’excellence organisait ses portes ouvertes. « Hier, nous avons eu 320 personnes. Nous avons battu notre record ! » sourit Marie, actuellement en première année et en charge de l’accueil du public en ce dimanche matin frileux.
La jeune femme a le sourire. « Entrer aux Compagnons du devoir, c’était un rêve pour moi. J’ai toujours vu cette école comme une école d’élite. Mais avec mes difficultés (Marie souffre d’un léger handicap, ndlr), mes professeurs me disaient que je n’y arriverai pas. Je me suis pré-inscrite, puis j’ai passé un entretien, et j’ai été retenue ! » En effet les Compagnons du Devoir ne recherchent pas seulement de bons futurs artisans… Mais surtout des personnes qui adhèrent à leurs valeurs. D’ailleurs chaque candidat est reçu en entretien individuel. Diego Touboul est le prévôt de la maison de Mont-Saint-Aignan : « la motivation et surtout le savoir-être sont des critères essentiels dans notre recrutement. Je regarde de très près les appréciations des professeurs. S’il y a des retards ou des absences injustifiées, ou un comportement irrespectueux, … »
Le bois ou la pierre
Les Compagnons attirent des profils « peu scolaires »… Sacha a intégré les compagnons depuis un an et demi en charpenterie. « La filière générale ne m’intéressait plus. Ce n’était pas pour moi. J’avais besoin de bouger. Après le brevet, j’ai découvert les Compagnons du devoir lors d’un salon de l’étudiant. Je me suis pré-inscrit et je suis entré en septembre 2022. » « J’ai senti un monde avec de la fraternité, de l’entraide, s’enthousiasme Alexis, en boulangerie depuis 4 ans. Mais attention, on nous accepte, on nous aide, mais il faut aussi faire ses preuves. »
Si les Compagnons proposent des formations à 37 métiers différents, à Mont-Saint-Aignan, on réalise la formation en alternance en maçonnerie, charpenterie, couverture et menuiserie. Ici comme ailleurs certains secteurs ont plus de mal à recruter. Les métiers du bois attirent beaucoup. L’incendie de Notre-Dame a mis ces métiers en lumière. Côté pierre, aussi, avec un engouement pour le métier de tailleur de pierre, sans doute disproportionné par rapport au travail disponible. À l’inverse la maçonnerie, est un peu boudée. Nathan, lui s’y plait : «j’en avais marre de l’école… Et comme mon grand-père était maçon, j’ai essayé cette voie. » Aujourd’hui, après deux années de formation à Nantes, il a entamé son tour de France à Troyes, puis à Rouen.
Excellence, apprentissage et voyages
Ce fameux tour de France est l’un des éléments qui attire les jeunes. « Parmi les jeunes que l’on voit lors des journées portes ouvertes certains sont déjà bien fixés sur la voie qu’ils veulent suivre, explique Diego Touboul. D’autres sont attirés par l’environnement de formation : d’abord l’image d’excellence, ensuite la voie de l’apprentissage et enfin le voyage, avec le tour de France… » Pour Marie, il faudra encore attendre un peu pour entreprendre ce beau voyage. Un peu déçue par la menuiserie, elle envisage l’an prochain de repartir à zéro en boulangerie. Il faudra donc encore deux ans avant de prendre la route.
Pour Aletheia Press, Benoit Delabre