Les cadres mieux rémunérés, mais toujours insatisfaits
Si la rémunération des cadres évolue, il reste des progrès à faire, notamment en termes d'égalité femmes-hommes. Focus sur les principaux résultats du baromètre 2022 de la rémunération des cadres de l'Association pour l'emploi des cadres (Apec).
Bonne nouvelle pour les cadres, 60% d'entre eux pourraient être augmentés d'ici la fin de l'année, pour faire face à l'inflation, selon le baromètre 2022 de la rémunération des cadres de l'Apec*, publié fin juin. Dans un contexte de fortes tensions géopolitiques et d’inflation à un niveau inédit depuis 40 ans, la part des cadres augmentés devrait croître en 2022 pour se situer à un niveau historiquement élevé. Au mois de mai dernier, 41 % des cadres indiquaient ainsi avoir déjà perçu une hausse de salaire depuis début 2022 et 18 % pensaient en percevoir une d’ici la fin de l’année.
Plus de cadres insatisfaits
Néanmoins, leur moral semble en berne et la part des cadres insatisfaits en matière de salaire devrait logiquement progresser, en lien avec « la montée du sentiment de perte significative de pouvoir d’achat », selon l’Apec. « La rémunération reste, en effet, l’un des principaux sujets d’insatisfaction pour eux, en particulier pour les cadres de moins de 35 ans » relève l’association. Ainsi, en mai, 29 % des cadres de moins de 35 ans se déclaraient insatisfaits de leur rémunération, soit une hausse de cinq points en un an. Pour cette catégorie d’âge, elle constitue « le deuxième plus important motif d’insatisfaction, derrière les perspectives de carrière dans l’entreprise ». Cette préoccupation salariale progresse également chez les 35-54 ans (27 %, + 4 points) et reste en revanche stable chez les cadres plus âgés (25 %, - 1 point).
51 000 € de rémunération annuelle brute
Après l’année blanche de 2020 due au Covid, 2021 avait déjà fait office de rattrapage : 46 % des cadres avaient connu une augmentation, soit une hausse de 8 points par rapport à 2020. In fine, la part de ceux en ayant bénéficié a retrouvé presque le niveau d’avant-crise –48 % d’entre eux avaient été augmentés en 2019. La situation semble s’améliorer pour les cadres les plus jeunes (moins de 30 ans), avec 63% qui ont obtenu une revalorisation en 2021. Parmi les facteurs positifs pour obtenir davantage, la mobilité professionnelle semble payante. En 2021, deux tiers des cadres ayant changé directement d’entreprise (sans période de chômage) ont ainsi été augmentés. Outre la mobilité externe, 63 % des cadres ayant changé de poste dans leur entreprise ont eux aussi vu leur rémunération progresser. A contrario, seulement 42 % des cadres restés au même poste dans la même entreprise au cours de l’année ont été augmentés. En termes de chiffres, leur rémunération annuelle brute médiane –qui intègre la partie fixe et la partie variable du salaire– a progressé en 2021 et s’établit au 31 décembre 2021 à 51 000 €, contre 50 000 € un an plus tôt, soit une progression de 2% sur un an.
Inégalités salariales entre femmes et hommes
Quel que soit l’indicateur étudié (genre, âge, fonction exercée, taille d’entreprise, secteur, etc), tous les profils de cadres ont été davantage augmentés en 2021 par rapport à 2020. Néanmoins, des inégalités demeurent encore et toujours entre les hommes et les femmes, avec un écart de salaire de 15%. Un écart qui demeure stable depuis plusieurs années. Fin 2021, la rémunération annuelle brute des hommes se situait à 54 000 euros, contre 47 000 euros pour les femmes. Si ce décalage peut s'expliquer en partie par des différences entre les profils des femmes et des hommes cadres –poste occupé, niveau de responsabilité, âge, etc–, une part importante des écarts de rémunération demeure « inexpliquée ». « A profil et poste équivalents, les hommes cadres gagnent en effet 7,4 % de plus que leurs homologues féminins », indique l’Apec. Ce différentiel était de 7,7 % l'année dernière et reste globalement stable entre 7 et 8 % depuis de nombreuses années.
*Enquête annuelle menée en février 2022, auprès de 13 000 cadres du secteur privé clients de l’Apec et de la vague de mai 2022 de l’omnibus cadres de l’Apec.
Charlotte DE SAINTIGNON