Les artisans et les PME face à l’envolée du coût des matières premières
Hausse des cours des matières premières, et même rupture de stocks pour certaines d’entre elles... Le point avec la CPME et la Capeb de Seine-Maritime.
Les cours des matières premières importées connaissent des hausses vertigineuses : + 25 % (alimentaire, agro-industrie, minéral) entre avril 2020 et avril 2021. Pour les métaux ferreux, le compteur s’affole avec une augmentation de 91 % sur la même période ! Le constat dressé par la CPME, est sans équivoque. Selon une étude menée par ses soins auprès de 2 000 chefs dirigeants, 59 % d’entre eux sont concernés par le phénomène.
« Les difficultés constatées au niveau national se retrouvent bien évidemment globalement dans le département qui est très axé sur les activités industrielles et le BTP. Deux secteurs qui font face à de véritables flambées des prix, note Patrick Percepied, président de la CPME de Seine-Maritime. C’est notamment le cas pour le bois qui connait non seulement une hausse de prix, mais également des ruptures. C’est la double peine pour les entreprises. »
Le bois, mais aussi les chaudières
Une hausse qui peut difficilement être répercutée sur les devis établis et les contrats en cours. « Pour les contrats cadre pluriannuels avec les collectivités, il existe bien des clauses de révision de prix » relève Patrick Percepied. Mais encore faut-il que les entreprises en connaissent les mécanismes.
Un constat général partagé par Frédéric Brérard, secrétaire général de la Capeb de Seine-Maritime. « Ces difficultés s’étendent progressivement à d’autres secteurs comme la salle de bains, avec des pénuries de carrelages et de chaudières. Les chauffagistes sont inquiets pour la rentrée ». Autre difficulté soulevée au niveau des marchés privé, « de plus en plus de fournisseurs sont incapables de s’engager sur un prix à la commande » relève le secrétaire général de la Capeb 76.
« Dans la sous-traitance industrielle et plus particulièrement automobile, beaucoup de PME se trouvent à l’arrêt car les industriels pour lesquels elles travaillent stoppent leurs lignes de production, notamment en raison de pénuries de composants électroniques » note encore Patrick Percepied. Une situation qu’il juge « inquiétante » et dont il est difficile d’anticiper la durée.
Des carnets de commandes remplis
Bonne nouvelle cependant, « dans le BTP, les carnets de commandes sont bien repartis, c’est particulièrement vrai avec les particuliers et le marché de l’amélioration de l’habitat principal » se réjouit Patrick Percepied. « Les artisans ont tous beaucoup de travail, relève également Frédéric Brérard. Mais ils sont confrontés à une véritable pénurie de mains d’œuvre qualifiée à court terme ». Face à ces problématiques, « nous avons demandé au niveau national un maintien du dispositif de chômage partiel spécifique Covid ».
« On sent bien que les trésoreries sont très tendues, ces incertitudes viennent s’ajouter à deux années très compliquées » résume Patrick Percepied. « Nous insistons énormément au niveau national pour que nous ne sortions pas trop brutalement des systèmes d’aides ». La Capeb et la CPME, au niveau national, ont toutes deux demandé au gouvernement de permettre aux collectivités de suspendre légalement les pénalités en cas de retard sur les chantiers. Mais le président de la CPME 76 veut rester optimiste « On a déséquilibré un outil de production mondial de façon conjoncturelle. Je serai étonné que cette situation dure des années. »
Pour Aletheia Press, Laetitia Brémont