Les aides gouvernementales ont permis de sauvegarder l’emploi des dirigeants
Les dispositifs d’aide de l’État pour les secteurs à l’arrêt avec la crise ont joué leur rôle. Ils ont permis de contenir (pour l’instant) les pertes d’emploi des patrons, en recul de 31 % en 2020.
Malgré la pandémie, les dirigeants d’entreprises ont pu poursuivre leur activité grâce aux différentes mesures prises par le gouvernement, comme, par exemple, le fonds de solidarité. Toutefois, « l’arrêt progressif des aides va provoquer un raz-de-marée pour des milliers de chefs d’entreprise », prévient Anthony Streicher, président de l’association GSC (assurance chômage pour les indépendants) qui les incite à « redoubler de prudence ».
La mise sous perfusion des entreprises s’est en effet traduite, l’an dernier, par une baisse du nombre de dirigeants au chômage. En 2020, selon l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs, créé par l’association GSC et la société Altares, spécialisée dans l’information sur les entreprises, 33 189 chefs d’entreprise ont subi une perte d’emploi, chiffre le plus bas observé depuis cinq ans. Soit une baisse de 31,4% par rapport à 2019, en ligne avec le recul,- en trompe-l’oeil,- des défaillances d’entreprise (- 37,5% par rapport à 2019, selon le bilan 2020 du Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce et de l’institut Xerfi).
Les gérants de PME plus pénalisés
Dans le détail, on observe un décalage entre la situation des PME et des TPE. En 2020, les dirigeants expérimentés à la tête de PME ont davantage été pris dans la tourmente (20,9% de hausse des pertes d’emploi, sur un an). Les chefs d'entreprise présentant un chiffre d’affaires supérieur à 10 millions d’euros connaissent même une hausse record du chômage, de 42,5%. En revanche, les petites structures ont mieux résisté : souvent plus récentes, « elles ont fait preuve de plus de souplesse et d’une transformation rapide pour s’adapter au contexte». La plus importante régression des pertes d’emploi concerne les chefs d’entreprises de moins de 5 salariés. Et plus de la moitié des pertes d’activité ont touché les gérants de SARL (15 864 dirigeants).
Autre constat de l’Observatoire, parmi les entrepreneurs en situation de chômage, près du tiers sont des seniors âgés de plus de 50 ans. Ce cas de figure concerne près de 13 000 dirigeants, qui auront plus de difficultés à rebondir.
La construction et les commerces non essentiels plus touchés
Certains secteurs ont davantage souffert de la crise, comme la construction et le commerce qui concentrent à eux deux plus de la moitié des pertes d’emploi des entrepreneurs. Les enseignes de l’habillement, considérées comme commerces non-essentiels pendant les confinements, ont été plus impactées : elles enregistrent la plus faible diminution (- 25,9%).
Dans le secteur de l’hébergement, restauration et débits de boissons, 4 377 dirigeants d’entreprises se sont retrouvés au chômage l’an passé. Plus des trois-quarts travaillaient dans la restauration. Si dans les services aux entreprises, 4 372 chefs d’entreprises ont perdu leur emploi, le secteur information et communication a résisté : il enregistre la plus faible progression du taux de chômage des dirigeants (935 entrepreneurs vs 1 158, en 2019).
Baisse de pertes d’emploi sur tout le territoire
Globalement, le nombre d’entrepreneurs en situation de chômage a régressé sur l’ensemble du territoire. La moitié des pertes d’emploi s’est concentrée en 2020 dans trois régions : l’Île-de-France (23,9%), suivie de l’Auvergne-Rhône-Alpes (10,8%) et PACA (10,7%). L’Auvergne-Rhône-Alpes et le Grand Est connaissent, une diminution supérieure à 35%. Seule la Martinique enregistre une progression significative du nombre d’entrepreneurs en situation de perte d’emploi (61,4%).
Si les mesures gouvernementales lancées depuis le début de la crise sanitaire ont bien permis d’amortir le choc et de préserver les emplois des chefs d’entreprises l’an dernier, Frédéric Barth, directeur général d’Altares, alerte lui aussi : le nombre des dirigeants en situation de chômage devrait « augmenter en 2021, et plus encore en 2022 ».
Jihane MANDLI et B.
*L’étude GSC /Altares est basée sur les données issues de l’étude des entreprises en liquidation judiciaire prononcée par les tribunaux de commerce ou de grande Instance.