Législatives 2024 : les partis politiques auditionnés par les patrons

Poursuivre ou pas la politique de l'offre menée depuis 2017 ? Les candidats aux législatives se sont positionnés devant les représentants patronaux préoccupés par les programmes du RN et du Nouveau Front Populaire.

Législatives 2024 : les partis politiques auditionnés par les patrons

« Le programme du RN est dangereux pour l'économie, la croissance et l'emploi, celui du Nouveau Front Populaire l'est tout autant, voire plus ». Les mots de Patrick Martin, président du Medef, juste publiés dans le Figaro, ont donné le ton de la matinée du 20 juin. A Paris, plusieurs syndicats patronaux dont le Medef, la CPME et l'U2P, recevaient les représentants des principaux partis ou coalitions candidats aux élections législatives anticipées du 30 juin et 7 juillet. Premier à démarrer, Édouard Philippe, fondateur du parti Horizons a posé ainsi les termes du débat : « l'un des enjeux est celui de perdre ou pas le fil de cette politique (poursuivie depuis 2017) qui est une politique de l'offre », a-t-il expliqué. Son projet se situe dans l'approfondissement de cette dynamique. Au programme : stabilité fiscale pour les entreprises, fluidification du marché du travail, assouplissement des règles assurantielles et bancaires pour stimuler le financement.... Le tout, assorti d' une « maîtrise ferme de la dépense publique » et d'une politique de réduction des déficits.

Comme lui, deux autres candidats se sont positionnés dans la poursuite de cette politique de l'offre. « Il ne faut pas mentir aux Français ; la dépense publique ne fait pas la croissance », a pointé Bruno Retailleau, porte-parole de LR, Les Républicains. Le parti propose plusieurs mesures dont le déverrouillage des 35 heures, une révision de l'assurance chômage pour creuser un écart important entre le « revenu d'assistance » et le « revenu du travail ». Et aussi, une réforme de l’État pour réaliser des économies massives. Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, est venu exposer les propositions de Ensemble pour la République, coalition autour d'Emmanuel Macron. Lui a promis que le rééquilibrage des comptes publics allait devenir « la priorité absolue ». Et que la politique de l'offre allait être poursuivie, avec par exemple la suppression totale de la CVAE, Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises, confirmée pour 2027.

Ruptures

A rebours de ces trois candidats, les deux autres ont proposé le changement. « Rupture responsable », selon les termes de Jordan Bardella, représentant le Rassemblement National, accompagné d'Eric Ciotti président- aujourd'hui contesté- de LR qui s'est rallié à lui. « La situation financière et budgétaire de quasi-faillite constitue un appel à la responsabilité pour ceux qui succèdent », a expliqué Jordan Bardella. Des projets de dépenses annoncés du RN subsistent une baisse de la TVA sur l'énergie et la retraite à 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler à 20 (dans un premier temps). Côté entreprises, le RN promet notamment « stabilité fiscale », et tenue « d'états généraux de la simplification ». La création d'un fonds souverain devrait permettre de flécher l'épargne vers les entreprises. En revanche, ces dernières ne devront pas compter sur l'immigration pour résoudre leurs problèmes de main d’œuvre (sauf exception). Une « fausse solution », prévient Jordan Bardella. Lequel a évoqué plusieurs pistes d'économies budgétaires dont la lutte contre la fraude, l'immigration, la participation au budget européen. De leur côté, Eric Coquerel (LFI) et Boris Vallaud (PS) représentants le Nouveau Front Populaire, ont annoncé : « Nous voulons inverser la logique, rompre de façon claire avec la politique menée depuis 2017 ». Le projet se base sur la « relance forte de la croissance, en finançant la transition écologique ». Cap : la reconquête industrielle. Le Nouveau Front Populaire prévoit l’abrogation des réformes de l'assurance-chômage et des retraites, le retour au dialogue social et l’augmentation du SMIC. Mais il se veut rassurant quant à l'impact de ces mesures sur les PME. « La hausse des salaires est nécessaire, mais ses surcoûts pour les PME seront compensés », explique Eric Coquerel. Plus généralement, le cadre fiscal et légal des petites entreprises restera inchangé, promet-il. A contrario, Boris Vallaud pointe le patrimoine des particuliers très riches comme source potentielle de recettes fiscales. Le lendemain, NFP a annoncé le chiffrage de son programme (150 milliards d'euros d'ici fin 2027 ). Les autres restent à venir.