Tendances

Le tri sélectif s’installe dans le quotidien des Français

De plus en plus conscients des enjeux environnementaux, les Français s'impliquent au quotidien pour la préservation de la planète et adoptent massivement le tri sélectif. Ils peinent toutefois à réduire la quantité globale de leurs déchets.

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Les Français se préoccupent d’avantage du tri et de la réduction des déchets. Ce constat ressort du 5e baromètre annuel du groupe Suez « Les Français et la réduction des déchets », réalisé en partenariat avec l’institut de sondage Odoxa et publié en novembre 2024. « les Français sont engagés et font attention à limiter leurs déchets », c’est « une progression sociétale de fond », observée depuis « le lancement du baromètre en 2020 », commente David Lamy, directeur général de Suez recyclage et valorisation France.

Un engagement persistant

En effet, sur quelque 12 000 personnes interrogées, 90% disent agir quotidiennement pour limiter leur production de déchets. Celles-ci sont motivées principalement par des préoccupations environnementales (46%), mais également par une volonté de consommer mieux, plus sainement avec moins d’emballages (34%) et de réaliser des économies (32%). Cet engagement en faveur de l’environnement est plus prononcé chez les étudiants (56%) et les cadres (52%). Neuf Français sur 10 déclarent trier tous les types de déchets, dont 94% les emballages papier et plastique, 91% le verre et 87% les DEEE (déchets d'équipements électroniques et électriques).

La perception du tri sélectif s'est considérablement améliorée : 90% le jugent facile, voire « très facile » (39%), soit une amélioration de sept points entre 2020 et 2024. Conséquence de cette évolution, 80% des Français constatent une réduction de leurs déchets résiduels, « 37% jugent même que la quantité de déchets a beaucoup diminué », selon le baromètre. Une tendance qui convainc davantage les retraités et les 50-64 ans (43%), que les étudiants et les 25-34 ans (28%).

Le tri des biodéchets gagne (un peu) de terrain

Depuis un an, les collectivités locales sont tenues de mettre à disposition des particuliers des solutions de tri des biodéchets, en vue de leur valorisation. Si l'entrée en vigueur de cette nouvelle réglementation, issue de la loi Agec (anti-gaspi) de 2020 a donné un coup de pouce au tri des déchets alimentaires et verts, en progression de cinq points sur un an, seuls 42% des sondés le pratiquent systématiquement. Avec, notamment, des disparités entre territoires. Les résidents des régions rurales (60%) et des petites villes (49%) se montrent les plus engagés. En régions, les Franciliens (26%) et habitants de PACA (31%) sont moins investis que ceux de Bourgogne-Franche-Comté (57%), de Nouvelle-Aquitaine ou des Pays de la Loire (52%). Les principaux obstacles qui empêchent les Français de trier leurs déchets ? les craintes liées aux nuisances (52%), l'absence de solutions de collecte adaptées (46%) et le manque de place disponible (38%).

Des défis à relever

Malgré ces progrès en matière de tri, la réduction des déchets reste un défi pour les Français. Seuls 66% jugent cette démarche facile, (- 4 points, depuis 2020). Leur volonté de limiter leurs déchets est freinée par l’appréhension de devoir modifier leurs habitudes de vie (30%), l'attachement à certains produits (30%), les contraintes financières (27%) et le manque d'informations sur les bonnes pratiques (29%). De plus, un tiers des sondés pointent l’insuffisance des moyens mis en œuvre par leur collectivité. Près de la moitié des salariés (45%) jugent aussi que leur entreprise ne les accompagne pas suffisamment dans cette démarche, surtout dans le secteur public.

Les écogestes peinent à se généraliser

Certains écogestes progressent, comme les dons de vêtements et d'équipements (+15 points entre 2021 et 2024, 83%), ainsi que la revente en ligne, en hausse de trois points (68%). En parallèle, d’autres gestes vertueux stagnent, notamment, la réparation d’équipements et la consommation d’eau du robinet (respectivement, 40% et 57% des Français les adoptent fréquemment).

D'autres comportements écoresponsables s'essoufflent plus nettement. Depuis 2021, l'achat en vrac recule de sept points avec 49% d’adeptes (vs 56%). De même, le recours au circuit court, favorisé pendant la pandémie de Covid, se replie de deux points (73% vs 75%) et le renoncement aux produits jetables (couches, vaisselle…) de quatre points (67% après 71%). Autant de pratiques émergentes qui nécessitent de la pédagogie auprès des consommateurs : « Ces évolutions négatives soulignent l'importance de sensibiliser les usagers de manière régulière », indique David Lamy.

La présence d’enfants dans un foyer jour un rôle significatif dans l’accélération des inégalités salariales. L’écart de rémunération s’établit à 6,1% pour les salariés sans enfants, mais il double à 12% dès l’arrivée du premier enfant, puis atteint 20% pour les parents de deux enfants et grimpe à 29,5% pour les familles nombreuses avec trois enfants ou plus. « Ces différences proviennent à la fois de la baisse de salaire observée après la naissance mais aussi des carrières durablement ralenties des mères », souligne l’Insee.

AÏcha BAGHDAD et B.L