Le port du Havre is Brexit ready
Clément Beaune, secrétaire d’Etat en charge des Affaires européennes, était au Havre le 20 novembre pour constater l’état de préparation en vue de l’échéance du 31 décembre.
« Je suis venu voir à quel point nous sommes prêts. Et ce que je vois est très rassurant ». Le secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, Clément Beaune, était en visite au port du Havre le 20 novembre. Objectif : faire le point avec les acteurs locaux sur le niveau de préparation de chacun en vue du Brexit. « Venir au Havre est un choix intelligent », s’est enorgueilli le maire du Havre, Édouard Philippe. Trafic de marchandises, transport de passagers, mais aussi port de pêche… « Le port du Havre concentre tous les enjeux du Brexit » a rappelé l’ancien Premier ministre.
Mieux vaut donc être prêts. D’ailleurs, le plus gros du travail avait déjà été réalisé dès le printemps 2019, en prévision d’un hard Brexit potentiel. Reste néanmoins quelques menus travaux, comme par exemple le marquage coloré au sol sur le terminal Grande-Bretagne. Une frontière intelligente va en effet être mise en place. Chaque transporteur saura à bord du ferry s’il aura, ou non, à subir un contrôle de douane renforcé. Vert, il peut passer, orange, il doit patienter…
Brexit : des zones d’ombre persistent
Ce renforcement des contrôles suppose aussi une meilleure gestion des flux. Le terminal a ainsi été largement modifié afin de gérer, sur deux accès différents, les flux entrants et sortants. C’est notamment un enjeu important pour fluidifier les sorties des passagers. « 80 % des passagers sont des ressortissants britanniques, a ainsi rappelé Baptiste Maurand, directeur général du Port du Havre. Nous devons nous adapter. » Quatre nouvelles aubettes, dont une dédiée aux poids lourds, ont ainsi été construites pour accueillir les points de contrôle de la police aux frontières.
Tout semble donc prêt ou presque… Néanmoins, beaucoup d’incertitudes pèsent encore. Les négociations sont toujours en cours entre l’Union européenne et le Gouvernement de Boris Johnson. « J’aurai aimé venir avec le scoop d’un accord. Ce n’est pas le cas, a déploré Clément Beaune, quelques heures seulement après son dernier entretien avec le négociateur européen, Michel Barnier. Mais nous avons bon espoir de parvenir à un accord. » Edouard Philippe en porte-parole des acteurs portuaires confirme : « Beaucoup de zones d’ombre persistent. Ce qui nous paraît important, c’est qu’il y ait une vraie cohérence dans les contrôles sur toutes les portes d’entrées du territoire européen… »
Drainer le flux irlandais
En jeu ? Le trafic en provenance de l’Irlande. Passant actuellement à travers le Royaume-Uni, ce trafic pourrait bien arriver prochainement directement sur nos côtes, afin d’éviter les formalités de sortie puis de ré-entrée sur le territoire communautaire. Une vraie opportunité pour les ports normands et bretons, qui sont géographiquement les plus proches de l’île au trèfle. Mais on le sait, en matière de logistique, le prix du carburant n’est pas aussi primordial que cela… Le temps de transbordement et passé en formalités, beaucoup plus. Le risque est grand de voir nos concurrents (notamment les grands ports de commerce du nord de l’Europe) tenter de nous damer le pion. « Nous devons être au meilleur niveau pour être compétitifs face à nos amis, mais néanmoins concurrents, de l’Union européenne », a insisté Clément Beaune. Et nous vérifions sur le terrain que le niveau d’exigence des contrôles sera bien le même partout, et qu’il n’y ait pas une forme de dumping… »
Pour Aletheia Press, Benoit Delabre