Le Havre : MSC investit 700 millions d'euros sur le terminal portuaire
De nouveaux portiques de terre-plein et le doublement des portiques de quais, permettront au géant de la logistique portuaire de tripler le nombre de « boîtes » manutentionnées. Objectif : 4,5 millions d'EVP par an.
700 Millions d'euros... ! TiL (Terminal investment Limited), la filiale du géant MSC, a annoncé le 8 juillet un investissement colossal sur le terminal portuaire qu'il exploite au Havre. Objectif : multiplier par trois la capacité du terminal. « Ce qui est important, pour nous, c'est le positionnement du port du Havre premier port d'entrée et de sortie de la mer du Nord, avec des qualités maritimes exceptionnelles », a insisté David El-Bez, directeur Terminal Investments chez TiL. C'est un changement opérationnel que nous souhaitons mettre en œuvre. Les cavaliers actuels seront remplacés par des portiques de terre-plein. Et nous allons passer de 11 à 20 portiques de quais ». Un aménagement qui nécessite la reprise de l'ensemble de la surface du quai pour supporter le poids des nouveaux outils, qui seront tous 100 % électriques.
Aller à 4,5 millions d'EVP par an
Les investissements devraient s'étaler sur cinq à six ans, et permettre la création plus de 1 000 emplois : 900 postes de dockers et 200 postes pour la maintenance. « On le sait, un emploi créé sur le port, ce sont trois emplois créés dans la région », a rappelé Ammar Kanaan, le directeur général de TiL. Celui-ci insiste d'ailleurs : « Sans l'accord historique que nous avons trouvé avec les dockers, nous n'aurions pas pu réaliser ces investissements... » Un accord, dont personne ne veut pourtant donner le détail. TiL évoque un « engagement sur l'augmentation de la productivité ». Du côté des dockers, on se déclare simplement « satisfaits » sans autre commentaire.
L'annonce d'un tel investissement a évidemment attiré les regards, au point d'attirer deux ministres pour leur première sortie officielle : Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, et la "locale" Agnès Firmin-Le Bodo. Le triplement de l'activité de MSC qui gère déjà 1,5 million d'EVP par an, va participer au rayonnement de la place portuaire havraise sur le range nord, facilitant l'accueil de bateaux de 24 000 EVP. « Cela va permettre de doter le terminal du Havre d'un outil de travail exceptionnel, a commenté Edouard Philippe devant les ministres. Mais l'enjeu, c'est que cette nouvelle soit accompagnée. Nous avons besoin d'augmenter la connectivité du Havre avec le reste du territoire. »
Investir dans le report modal
« Il va falloir investir dans le report modal pour accompagner ce flux », a admis Christophe Béchu, qui déplore que 88 % des marchandises réceptionnées dans les ports français soient ensuite acheminées par camion. Pourtant, dans les ports d'Anvers ou de Rotterdam, 35 % des 27 millions d'EVP prennent la voie fluviale, contre 8 % en France. « Nous devons être capables de tripler, au moins, en volume, ce que nous sommes capables de faire » a-t-il déclaré. La construction de la chatière de Port 2000 doit y participer.
Côté « fer », le ministre espère aussi voir grossir la part des marchandises acheminées depuis les ports. « On a les sillons, mais pas les capacités de stockage » a-t-il expliqué. Il mise sur la création d'une vingtaine de plateformes ferroviaires, pour y remédier.
Pour Aletheia Press, Benoit Delabre