L’artisanat du bâtiment confronté à un recul historique de son activité
Au second trimestre 2020, l’artisanat du bâtiment a plongé de 24%. Cette chute brutale de l’activité concerne l’ensemble des entreprises du secteur et s’explique principalement par la crise sanitaire de Covid-19.
«La crise de Covid-19 a provoqué un choc inédit, bien supérieur à celui de la crise de 2009 », a souligné, le 16 juillet dernier, Jean-Christophe Repon, nouveau président de la Capeb. La Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) a dévoilé, dans sa note de conjoncture, les tendances du secteur pour le deuxième trimestre. Fortement impactées par la crise sanitaire, les entreprises artisanales du bâtiment ont enregistré un recul important de leur activité, durant cette période.
Baisse généralisée avec une reprise ardue
Suite aux mesures de confinement, la baisse s’est amorcée à la fin du premier trimestre. L’activité des artisans du bâtiment a alors chuté de 12%. La situation s’est aggravée les trois mois suivants, avec un repli de 24% en volume, par rapport au deuxième trimestre 2019. Le recul a été plus fort en rénovation (-25%) que dans le neuf (-22%).
Dans le détail, entre avril et juin, la chute d’activité a concerné l’ensemble des corps de métiers, l’aménagement-décoration-plâtrerie étant le plus impacté (-28% par rapport à la même période l’an dernier). Les travaux d’amélioration de performance énergétique du logement ont connu également une baisse brutale (-27% en volume, contre +2% au deuxième trimestre 2019), ou encore, la menuiserie et l’électricité qui ont reculé respectivement de 26% et 23%. La maçonnerie affiche, elle, une perte un peu moindre, de 19%.
Cet effondrement de l’activité a également été ressenti différemment sur le territoire. Les zones rurales ont en effet été moins touchées que les grandes villes, a précisé le président de la Capeb. Dans ce sens, la baisse d’activité a été très marquée pour les entreprises artisanales implantées en Ile-de-France (-30%) et dans les Hauts-de-France (-25%). Les régions Normandie, Auvergne-Rhône-Alpes et PACA (Provence-Alpes-Côte d’Azur) restent dans la moyenne nationale (-24%). Sur la façade atlantique, cette diminution a été plus limitée et a varié entre 21 et 22%. C’est le cas également dans la région Grand Est, en Bourgogne-France-Comté et en Occitanie.
Et le retour à la normale est moins rapide qu’espéré. Les petites entreprises artisanales du bâtiment étaient en moyenne à 85% de leur capacité de production à fin juin, constate la Capeb. «Si la reprise d’activité est effective début juillet, elle est pour autant subordonnée à la confiance des ménages et à l’évolution du taux de chômage qui pourraient impacter les travaux et le nombre des transactions, lesquelles pourraient chuter de 25% en 2020», anticipe la Confédération.
Trois principaux freins à la reprise
Selon les données publiées dans la note de conjoncture, l’activité reste entravée principalement par des problèmes d’approvisionnement, et ce, pour 31% des entreprises. 20% se heurtent, quant à elles, au refus de la clientèle privée d’engager des travaux, dans cette période si particulière, tandis que 15% éprouvent des difficultés à appliquer le guide des préconisations sanitaires de l’OPPBTP, Organisme professionnel de prévention du BTP.
Dégradation des trésoreries
La grande majorité des entreprises du secteur se trouvent contraintes de supporter les surcoûts liés aux mesures sanitaires (masques, gel hydroalcoolique, désinfection, baisse de productivité…), sans les répercuter sur les clients (88%), ce qui induit des problèmes de marges et de trésorerie. De nombreuses entreprises ont fait des demandes de prêts garantis par l’État (PGE), note la Capeb. Conséquence de cette situation économique difficile, et de la baisse des carnets de commande, 60% des dirigeants déclarent une détérioration de leur trésorerie (contre 11% un an auparavant).
Malgré ce contexte, les artisans du bâtiment «se veulent optimistes et espèrent garder leurs salariés», souligne Jean-Christophe Repon. 94 % des artisans prévoient, en effet, de maintenir l’emploi à son niveau actuel au second semestre. Hélas, la réalité semble plus dure : 20 000 à 30 000 pertes d’emploi sont attendues en 2020, en lien avec une baisse d’activité de 15 à 17 %, selon les scénarios établis par la Confédération.
Jihane MANDLI et B.L