L’activité de l’artisanat du bâtiment lourdement impactée par le Covid-19

L’activité de l’artisanat du bâtiment lourdement impactée par le Covid-19

Fortement impactées par la crise sanitaire, les entreprises artisanales du bâtiment ont enregistré un net recul de leur activité durant le premier trimestre. Cette chute brutale concerne l’ensemble des entreprises du secteur, quelle que soit leur taille, mais aussi tous les corps de métiers, de 9 à 16 %.

Une situation sans précédent. La Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), qui a dévoilé, le 22 avril, les tendances du secteur pour le premier trimestre de l’année en cours, a en effet annoncé une forte baisse de l’activité :  de 12% par rapport au même trimestre de l’année précédente. L’effondrement est dû principalement aux mesures de confinement mises en place par le gouvernement pour limiter la propagation du virus.

Selon les données publiées dans la note de conjoncture de la Capeb, 66% des entreprises artisanales du bâtiment ont déjà opté pour le chômage partiel, tandis que 15% comptent le faire (5% des demandes ont toutefois été refusées par l’administration). Soucieuses du bien-être de leurs salariés, 80% des établissements du secteur ont en effet baissé temporairement le rideau, alors que 17% ont décidé de maintenir une activité réduite, tout en garantissant la sécurité de leurs effectifs.

Pour les chefs d’entreprises, la suspension des chantiers est due principalement au refus des clients particuliers (71%) et des professionnels, publics et privés, (45%) de poursuivre les travaux. Elle s’explique également par la volonté des dirigeants de préserver la santé de leur personnel (46%). D’autre part, 39% des patrons déclarent qu’ils rencontrent des difficultés d’approvisionnement en produits et matériaux, et 29% affirment que leurs salariés refusent de travailler, en raison des circonstances sanitaires actuelles.

 Effondrement  pour la maçonnerie et la construction

Au cours de ce premier trimestre, le recul de l’activité a concerné toutes les entreprises artisanales du bâtiment. Les structures de 10 à 20 salariés ont enregistré une baisse de 13%, celles de moins de 10 salariées, une chute de 12%. Si tous les corps de métiers sont impactés, certains sont plus touchés par cette dégringolade, tels que la maçonnerie (-16%), l’aménagement-décoration-plâtrerie (-12%), mais aussi l’électricité et la menuiserie (-10%).

Avec une baisse d’activité de 14%, la construction neuve est plus affectée. De février 2019 à janvier 2020, les permis de construire ont enregistré un repli de 1,6% par apport à la même période de l’année précédente et le nombre de logements commencés de 1,2%, rappelle la Capeb. L’entretien-amélioration, qui pèse 57 % de l’activité des artisans, affiche une chute de 10,5%, sur un an. Les travaux d’amélioration de performance énergétique du logement ont connu également une baisse brutale ( -8,5%en volume, contre +1,5% au dernier trimestre 2019).

Cette situation économique engendre une nette détérioration de la trésorerie des entreprises du secteur. Dans ce sens, 34% des dirigeants déclarent une dégradation de leur trésorerie ( contre 14 % un an auparavant).

Toutes les régions de l’Hexagone ont enregistré une nette diminution de l’activité des artisans durant les trois premiers mois de 2020. La plus forte baisse a été constatée au niveau de l’Île-de-France et du Grand-Est, les régions les plus touchées par le coronavirus (-14%), suivies des Hauts-de-France (-13%). Les structures implantées dans la façade ouest de la France sont quant à elles légèrement moins impactées (-10%).

L’évolution de la situation sanitaire et des mesures de soutien aux entreprises détermineront les résultats à venir du secteur. Et une reprise progressive des chantiers, sécurisée, générera des surcoûts (réorganisation, équipements de protection,…), alerte le président de la Capeb, Patrick Liébus.

Manal HAMDI