La Normandie compte sur ses artisans d’art
En marge des Journées européennes des métiers d’art, la Région et la Chambre des métiers ont matérialisé leur volonté de fédérer autour de ces métiers et de structurer les filières.
Et si l’artisanat d’art devenait un fer de lance de la Normandie ? C’est en tout cas le vœu partagé par la Chambre des métiers et de l’artisanat (CMA) et la Région, qui ont lancé ce 26 mars à Rouen, une feuille de route pour la période 2024 – 2027. Votée le 25 mars, en marge des Journées européennes des métiers d’art, cette feuille de route veut notamment permettre une convergence d’actions entre le comité Métiers d’Art Normandie, l’association régionale des Savoir-Faire d’Excellence Normands (Arsen), et tous les territoires normands impliqués dans le soutien aux métiers d’art.
En résumé, l’objectif est de fédérer les énergies et de faciliter les échanges. En effet, en artisanat d’art, encore plus qu’ailleurs, les chefs d’entreprise sont souvent esseulés. « Il y a des pépites qui se cachent au fond des cours, image Christophe Doré, président de la CMA Normandie. Il y a un réseau épars d’artisans d’art qu’il nous faut rassembler. Sans la Région, nous ne pourrions pas le faire. »
Visibilité, formation et structuration
Ce « rassemblement » a plusieurs finalités. D’abord, il doit donner de la visibilité à ces métiers. « Ce sont des emplois non-délocalisables et à haute-valeur ajoutée, insiste Sophie Gaugain, vice-présidente de la Région Normandie. Et les artisans d’art participent souvent à une forme d’économie circulaire, par leur usage de la matière première. » La Région et la CMA entendent donc dynamiser ces filières, génératrices d’une économie locale. Cela passe évidemment aussi par la mise en place de formations certifiantes sérieuses. « Il y a une appétence exponentielle pour ces métiers, constate Max Debeauvais, ancien céramiste co-fondateur de la galerie des Arts du feu et directeur du Pôle Céramique de Normandie. Mais l’offre de formation n’est pas toujours à la hauteur. On ne peut pas apprendre un métier d’art en une semaine… »
Surtout, la feuille de route de la Région et de la CMA entend bien donner aussi un accès facilité au marché aux artisans normands. « Le temps de la création est important. Il nous faut multiplier les lieux de création sur le territoire, et nous voulons vous aider à la promotion et à la vente de vos produits. » Sophie Gaugain espère ainsi greffer les métiers d’art à la commande publique, par exemple pour la rénovation du patrimoine, et même privée.
Objectif « export »
Enfin, la Région aimerait appliquer ses recettes destinées à faciliter l’export à l’artisanat d’art. Alexis Péan, luthier à Rouen depuis 2006, témoigne. « L’Italie, l’autre grand pays du violon, est très forte sur les salons. Elle accompagne ses artisans qui viennent groupés, avec de traducteurs et des moyens de paiement… Cela met de l’huile dans les rouages. Ils tentent plus facilement l’aventure, parce que le risque est limité. Un salon comme Music China, à Shangaï, c’est 15 000 € d’investissement pour 4 jours. »
« C’est aussi notre objectif : vous aider à préparer ces salons, créer des passerelles, réduire les coûts, assure Sophie Gaugain. Nous sommes prêts aujourd’hui pour vous inclure dans cette dynamique. » La présence de la Normandie comme région d’honneur au salon Révélation 2025 de Paris (au Grand Palais du 21 au 25 mai) ou à l’exposition universelle d’Osaka (également en 2025), pourrait en être un prestigieux exemple.
Pour Aletheia Press, Benoit Delabre