La Fédération nationale de l’immobilier avance ses propositions pour l'avenir
Mieux concilier impératifs écologiques et contraintes financières en matière de rénovation énergétique, favoriser l'accès à la propriété... Lors de son récent congrès, le dernier avant l'élection présidentielle, la FNAIM a dévoilé ses propositions pour une politique publique plus efficace en matière de logement. Et mis en garde contre l'émergence possible de "gilets verts".
A l'approche des élections présidentielles, il s'agit de préparer l'avenir... Le 29 novembre, à Paris, à l'occasion du congrès annuel de la FNAIM, Fédération nationale de l’immobilier, son président, Jean-Marc Torrollion, a présenté les propositions de la profession à l'adresse du prochain chef de l’État. L'enjeu est majeur, a rappelé le responsable, puisque le logement représente « le premier poste de dépenses des Français ». Plus largement, l'immobilier est au cœur de plusieurs problématiques, écologiques, sociales, que politiques publiques et professionnels doivent parvenir à concilier. Dans ce cadre, la FNAIM a identifié quatre thèmes majeurs : instituer les conditions d’une approche globale de la rénovation énergétique, repenser l’immobilier et ses acteurs dans une politique de la ville, préserver les capacités d’accession des Français à la propriété et réconcilier la politique de l’offre de logements avec la lutte contre l’artificialisation des sols. Sur ce dernier sujet, rappelant le constat largement partagé de la nécessité de produire plus de logements, la FNAIM propose notamment de « créer des zones de densité minimale imposées aux maires », explique Jean-Marc Torrollion.
Autre sujet majeur, celui de la rénovation énergétique. En effet, le logement étant l'un des
principaux postes d’émissions de gaz à effet de serre, il a fait l'objet de nouvelles obligations (nouveau DPE, diagnostic de performance énergétique, interdiction de location des « passoires thermiques »…), instituées dans le cadre de la loi Climat et résilience, promulguée l'été dernier. La FNAIM, elle, préconise une autre démarche : la mise en place d’un « green deal » de l'habitat, qui serait piloté à l'échelle locale, par l'ensemble des parties prenantes. Une politique s’appuyant sur une « cartographie de l'indécence énergétique » qu'il conviendrait de créer, précise Jean-Marc Torrollion.
Autre thème majeur, celui la gouvernance des questions concernant l'immobilier. A ce propos, Jean-Marc Torrollion invite les futurs décideurs à considérer les professionnels de l'immobilier comme de véritables « acteurs du logement ». « Notre compétence est sous-estimée par les communes », estime le président de la FNAIM, regrettant que certains élus locaux refusent la discussion. Dernier thème, enfin, celui de la préservation des capacités des Français d'accéder à la propriété. La Fédération de l’immobilier propose, notamment, à ce sujet, de simplifier et d'assouplir l’accès au crédit immobilier.
La rénovation énergétique, un sujet loin d'être résolu
Le congrès fut également l'occasion de commenter l'action passée du gouvernement et l'état des lieux actuel du marché. Aujourd'hui, sur le plan économique, « il n'y a pas de crise de l'activité immobilière (…) Il y a surchauffe », a estimé Jean-Marc Torrollion. Une situation qui trouve aussi ses racines dans la manière dont les différents acteurs ont fait face à la crise née de la pandémie. En particulier, le président de la FNAIM a salué le travail des syndics, responsables de la gestion de 10 millions de logements, qualifiés de « seconde ligne qui a tenu », réalisant notamment des centaines de milliers d'assemblées générales, en pleine crise. Par ailleurs, « tous les professionnels s'accordent à dire que le gouvernement a été exemplaire dans son soutien à l'activité », a-t-il également souligné.
Pour autant, en matière de politique publique, l'année 2021 demeure une année « contrastée », qui laisse un « goût d'inachevé ». En cause, en particulier, les difficultés liées à la mise en œuvre de la loi Climat et résilience. Avec, par exemple, le déploiement du nouveau DPE. Lancé une première fois en juillet, il a dû être suspendu pour anomalies, avant d'être relancé. A l'époque, « nous avons joué le rôle de lanceur d'alerte », a rappelé Jean-Marc Torrollion. Et en dépit de la correction du dispositif, le président de la FNAIM estime que le gouvernement est loin d'avoir mis en place les outils adéquats pour régler la question de la rénovation énergétique. « De nombreuses questions restent ouvertes », a-t-il prévenu. Précarité énergétique, capacité financière des Français à s'adapter au calendrier fixé par la loi pour la rénovation des logements, mise en œuvre technique ... : « Cela fait un an que nous alertons. Attention au réveil », insiste Jean-Marc Torrollion, évoquant la figure de « gilets verts ».
Sur ce thème, Emmanuelle Wargon, ministre du Logement, a notamment abordé le sujet – objet de discorde avec la FNAIM - du calendrier de l'interdiction de louer des logements énergivores, dans le cadre de la lutte contre les « passoires énergétiques ». « Mon objectif, ce n’est pas de sortir des logements du marché, mais que la totalité des ‘passoires thermiques’ soient rénovées », a-t-elle précisé. Pour la ministre, il est possible d'atteindre l'objectif dans la prochaine décennie. Toutefois, « le gouvernement actuel - et nous verrons le suivant - sera vigilant sur la soutenabilité du calendrier». De fait, les échéances prévues par les textes démarrent en 2025… Bien avant cette date, et avant l'échéance des élections présidentielles, « il convient de rendre cette année (en cours) utile », a déclaré Jean-Marc Torollion. Par exemple, en renégociant le barème des honoraires concernant les locations, plafonnés par la loi ALUR du 24 mars 2014.
Vesta veille sur la FNAIM
L'image de Vesta, déesse romaine du foyer, choisie par la FNAIM pour identifier des professions de l'immobilier aux dénominations protégées, peut enfin être utilisée en toute tranquillité. En juillet dernier, un accord à l'amiable a été trouvé entre la FNAIM et le Conseil supérieur du notariat (CSN). Ce dernier, jugeant la première version du graphisme trop ressemblante avec leur emblème, avait porté plainte devant la justice, qui lui avait donné raison.