La cosmétique s’affiche au salon du MIF

Sur le salon du Made in France, MIF Expo, qui s'est tenu à Paris début novembre, les exposants du secteur de la cosmétique se partagent entre jeunes marques au marketing affûté et porteurs de projets plus artisanaux.

Les savonneries qui fabriquent  leurs produits sont nombreuses à exposer et vendre leurs savons- parfois à la découpe – sur le salon. (c) Anne DAUBREE
Les savonneries qui fabriquent leurs produits sont nombreuses à exposer et vendre leurs savons- parfois à la découpe – sur le salon. (c) Anne DAUBREE

Made in France ? Oui, mais pas uniquement. Sur le salon du Made in France qui se tenait à Paris du 8 au 11 novembre, dans l'espace consacré à la cosmétique, les exposants affichent en général un positionnement bien plus complet. Pour la plupart, ils avancent le caractère naturel – voire bio- de leurs produits ainsi que le caractère responsable de leur démarche. C'est le cas, notamment, de la dizaine d'exposants réunis sous l'enseigne « French Beauty ». Il s'agit en fait d'une boutique partagée à Paris par une soixantaine de marques émergentes. Elles sont, dans le jargon du secteur, des « Indie brands », contraction de « indépendant » et « marque », phénomène croissant depuis une quinzaine d'années. Souvent, à leur tête, des transfuges de grands groupes de la cosmétique qui ont créé leur entreprise. C'est le cas de Friedemann Schmid , co-fondateur et président de Less is More, venu sur le salon pour présenter l'offre de sa toute jeune marque – elle a un an- aux visiteurs : des actifs en poudre (shampoing, gel douche... ) associés à des bouteilles rechargeables. Un contrepied aux produits de l'industrie cosmétique traditionnelle qui sont composés à 90% d'eau. « Nous avons considéré qu'il fallait aller vers plus de durabilité », explique Friedemann Schmid.

A côté de lui, sur le petit stand, s'alignent les crèmes d'Oolution, l'une des marques pionnières de la beauté responsable, fondée en 2010 par Anne-Marie Gabelica, après un parcours dans l'industrie cosmétique. Ses produits sont 100% naturel et végan. Et cette année, la société a obtenu le label B Corp. « Nous faisons de la cosmétique naturelle, éthique, c'est la beauté engagée », explique la représentante de la marque.

Le made in France fait naturellement partie des projets de ces entrepreneurs qui se veulent durables. Et ils trouvent dans l'Hexagone un écosystème favorable. Des prestataires proposent une offre dite «full service », qui va de la formulation des produits à leur fabrication. Et aussi, un grand nombre des matières premières dont ils ont besoin sont disponibles en France : les plantes dans le Sud, les produits de la mer en Bretagne.... Calendula, bleuet, lavande, tournesol... Oolution se fournit en France. Le karité est à part, qui n'est pas produit dans l’Hexagone. Par ailleurs, la marque travaille avec des laboratoires de production basés en France. C'est également le cas de Less is More qui collabore avec un spécialiste de la fabrication de poudres.

D'autres jeunes marques de la « French Beauty » présentes sur le salon ont des démarches similaires. Comme Cozie, pionnière dans les cosmétiques (naturels ou bio) proposés dans des contenants rechargeables, assortis à un dispositif en consigne. Eux aussi travaillent avec des laboratoires de production basés en France. Et pour l'essentiel de ses produits, c'est aussi le cas d'Absolution, marque de produits bio fondée en 2009.

Des savons produits à la ferme

Sur le salon, d'autres exposants du secteur cosmétique portent des projets d'entreprise – commercialisation, production - bien différent de celui des Indie brands. Ainsi, les savonneries qui fabriquent leurs produits sont nombreuses à exposer et vendre leurs savons- parfois à la découpe – sur le salon : la savonnerie des collines ( fondée en 2010), la savonnerie Marius Fabre ( depuis 1900), la savonnerie Le Sérail ( depuis 1949, Entreprise du Patrimoine Vivant)... Basée dans l'Aveyron, Les ânesses du Carladès fabrique ses savons (et crèmes) à base du lait des ânesses de la ferme (ouverte aux visites et qui propose des randonnées à dos d'âne). Autre exemple, Beaucharme cosmétique, basé dans le Vézelien (Bourgogne), qui propose des savons et surtout des huiles. « Nous réalisons des huiles végétales et essentielles, uniquement avec les plantes que nous cultivons. Notre objectif est de faire du 100% local. Même le miel provient d'un ami apiculteur qui a mis ses ruches sur nos terres », explique Maurine Van de Cappelle. Elle est venue aider son mari Thibault.et son associé Mikaël Péchery sur le salon. En 2019, ces deux agriculteurs ont décidé de diversifier leur production pour planter du lavandin, de la menthe poivrée, du laurier noble, de la bourrache... Le tout en bio. Les agréments indispensables obtenus, ils ont mis sur pied un atelier pour fabriquer les produits (à l'exception des crèmes) à la ferme. Pour Beaucharme cosmétique, c'est le début de l'aventure. « Nous sommes sur le salon pour nous faire connaître, mais aussi pour rencontrer d'autres personnes, trouver des contacts », explique Maurine Van de Cappelle.

A quelques pas de là, une autre réalité encore du MIF s'illustre dans le stand coloré, très achalandé de la Bastide des arômes, qui propose ses parfums réalisés en France. Frédéric Stocklouser, fondateur de l'entreprise en 1995, y accueille les visiteurs avec sa fille. Basée à Grasse, la société compte aujourd'hui 27 salariés pour un chiffre d'affaires de 3 millions d'euros, réalisé auprès de professionnels et de particuliers (via deux structures) . « Les foires et les salons assurent une partie importante de l'activité. Nous avons mis dix ans à construire un important fichier client ; nous envoyons beaucoup d'invitations gratuites... C'est un très gros travail », souligne Frédéric Stocklouser. Depuis trente ans, il présente ses produits à la Foire de Paris et au Salon de l'agriculture. Depuis deux ans, il vient aussi au salon du MIF.

Le secteur de la cosmétique s'exporte bien

En 2023, les exportations françaises de produits cosmétiques ont atteint 21,3 milliards d’euros, en progression de 10,8% en un an. Une dynamique qui place le secteur au deuxième rang des contributeurs au solde positif du commerce extérieur (derrière l’aéronautique et devant les vins et spiritueux), selon la FEBEA, Fédération des entreprises de la beauté.