La consommation bio résiste à la crise sanitaire
Déjà bien ancrée dans le quotidien des Français, la consommation de produits bio, s’est amplifiée en 2020 avec la crise sanitaire. Près de deux tiers des Français ont changé, durant cette période, leurs habitudes d’achats culinaires ainsi que leurs comportements alimentaires, selon l’étude Spirit Insight pour l’Agence Bio.
La crise sanitaire n’a pas entamé l’appétit des Français pour les produits bio. Si près d’un quart d’entre eux en consomment depuis plus de 10 ans, le bio alimentaire a gagné 15% de nouveaux adeptes, en 2020, indique l’Agence Bio, groupement d'intérêt public pour le développement et la promotion de l'agriculture biologique en France, dans son 18ème baromètre, réalisé par Spirit Insight* et présenté le 19 mars dernier. Parmi ses nouveaux venus, 21% sont des jeunes âgés de 18 à 24 ans, 20 % des ouvriers et des employés et 17% des femmes. Près des trois quarts d’entre eux ont commencé à consommer bio avant le premier confinement, précise l’étude. En particulier les plus âgés . En 2020, ce sont près de 73% des Français qui déclarent manger bio au moins une fois par mois, dont 13 % tous les jours (34 % au moins une fois par semaine).
Signe de résistance à la crise sanitaire, le budget consacré à l’achat de ces produits est resté stable, l’an dernier, pour 53% des Français. Mais le prix reste un frein à la consommation bio pour une majorité d’entre eux (54%). Cette perception a toutefois régressé significativement l’année dernière , de 5 points (par rapport à 2019) pour les consommateurs bio occasionnels et de 12 points pour les non-consommateurs.
Des comportements accentués avec la crise
Pendant la crise sanitaire, six personnes sur 10 ont adopté une alimentation bio, soit près d’un tiers des Français. Et les consommateurs ont modifié leurs comportements culinaires. Quatre tendances sont ainsi confirmées. D’abord, le retour du fait-maison, avec les confinements. Dans ce sens, 55% des Français cuisinent davantage, soit une progression de 8 points par rapport à 2019. Cette tendance a été plus marquée chez les moins de 35 ans. Autre évolution, 59% des consommateurs privilégient les circuits courts et les produits locaux (+5 points), dont les trois quarts sont des seniors. L’achat de produits frais et de produits de saison a aussi été favorisé par 57% de la population, et 56% des Français ont évité le gaspillage alimentaire.
Les producteurs locaux davantage plébiscités
Autre confirmation, l’année dernière, la fréquentation des producteurs locaux pour l’achat des produits bio a augmenté : de 6 points par rapport à 2019 (26 %, contre 20%). Celle des grandes surfaces a en revanche régressé de 3 points (74%, contre 77 %). Ce repli peut s’expliquer par la crainte de la contamination par le virus et la conviction des seniors à consommer local, analyse l’étude. Après le premier confinement, un consommateur bio sur dix a cessé d’acheter ses produits bio auprès des grandes et moyennes surfaces. Le drive de la grande distribution a fait exception et a progressé avant et lors du premier confinement (+5 points, par rapport à 2019). Au premier confinement, les plateformes qui regroupent les producteurs locaux ont enregistré le même taux de fréquentation que le drive.
Différentes raisons derrière la consommation bio
Préserver sa santé demeure la première raison qui a incité les Français à consommer bio en 2020 (61%). Ce facteur, quasi-stable par rapport à 2019, n’a pas été impacté par la crise sanitaire. Près de la moitié des consommateurs bio (48%) mettent eux en avant la protection de l’environnement. Plus encore les 18-24 ans : 62 % d’entre eux consomment bio au moins une fois par mois pour cette raison. La disponibilité de ces produits dans les lieux d’achat habituels a poussé, pour sa part, 39% des personnes à consommer bio, là encore surtout les seniors. La raison éthique et/ou sociale, dont la juste rémunération des producteurs, a motivé 38% d’entre eux.
Globalement, la consommation bio semble donc bien résister à la crise sanitaire. Et les perspectives s’annoncent plutôt favorables puisque 80% des Français envisagent de maintenir celle-ci, voire même de l’augmenter (11%)
* Enquête menée auprès d’un échantillon représentatif de 2100 Français âgés de 18 ans et plus, du 13 novembre au 1er décembre 2020., lors du deuxième confinement.
Jihane MANDLI et B.L