L’industrie dieppoise doit intégrer l’intelligence artificielle
Le 26 mars, l’association EGEE et la communauté d’agglomération dieppoise organisaient une conférence autour de l’intelligence artificielle dans l’entreprise. Une étape qui paraît inéluctable.
C’est un sujet qui interpelle… Depuis deux ans et l’apparition de Chat GPT, l’intelligence artificielle (IA) est sur toutes les lèvres. De quoi motiver EGEE Dieppe et la communauté d’agglomération Dieppe-Maritime à organiser une conférence sur le sujet, le 26 mars à Arques-la-Bataille. Et, manifestement, le besoin était là. Pas moins de 75 personnes ont assisté à cette présentation. Avec une question latente : Faut-il avoir peur de l’IA ou au contraire s’en emparer ?
Pour Valéry Jimonet, président de NES 3D, la question est vite tranchée : « Hier, une entreprise mécanisée gagnait toujours face à une entreprise qui ne l’était pas. Demain, une organisation IAtisée gagnera toujours face à une organisation qui ne l’est pas. » Et si certains craignent encore l’IA, c’est que, selon lui, ils suivent le processus de vérité décrit par Arthur Shopenhauer : « Toute vérité passe par trois étapes, d'abord elle est ridiculisée, ensuite elle est violemment combattue et enfin elle est acceptée comme une évidence. »
Garder la maîtrise du code source
Chez Toshiba, en tout cas, l’IA est désormais bien en place. Au sein de l’établissement dieppois, elle a permis des économies d’énergie substantielles, par exemple en ajustant en temps réel les besoins en air comprimé. « Grâce à cela, nous avons économisé 20 % sur notre facture énergétique de production d’air comprimé, raconte Alain Verna, directeur général de Toshiba TEC Europe. Près d’un million d’euros d’économie. Cela n’a rien de négligeable et cela nous a permis de traverser la crise énergétique. » Dès lors l’IA apparaît comme une évidence… A condition, bien sûr qu’elle soit pensée et maîtrisée. « Dans l’IA, la seule chose qui soit artificielle, c’est l’intelligence », sourit Alain Verna. « L’algorithme ne se trompe jamais, celui qui le fait ou celui qui l’interprète, oui » renchérit Valéry Jimonet.
Chez Toshiba, pour éviter ce genre de problème, les logiciels ont été construits sur les ressources internes de l’entreprise. « Pour que cela fonctionne, ce doit être un projet d’entreprise », défend Alain Verna. Les équipes ont été sollicitées pour apporter leur connaissance de la chaîne et des process de production. De là, naît le code qui est ensuite amélioré au fur et à mesure, toujours en interne (avec potentiellement un appui externe) « L’IA ce n’est pas cher. Il faut le faire de l’intérieur et garder une maîtrise totale sur le code source, insiste Hubert Kirchner, consultant chez June Partners. C’est le cœur de la connaissance de l’entreprise. Il faut garder la main dessus. »
Partager les données
Cela ne signifie pourtant pas garder la main sur les données brutes. « L’amélioration des process passe par la captation des données dont on a réellement besoin, et ensuite par leur partage », insiste Alain Verna. Un moyen de faire en sorte que cela bénéficie à toute l’entreprise et pas seulement à un poste donné. Et même au-delà, pourquoi pas ? « Il faut que nous nous mettions tous à collecter nos données et à les partager, clame Hubert Kirchner. L’efficacité industrielle est aussi liée à vos fournisseurs et à vos clients. Si toute la chaîne est alimentée, l’efficacité est diaboliquement plus élevée. »
Reste aussi à trouver les compétences. « Il faut se mettre au numérique et former au numérique à Dieppe. Sinon, demain il n’y aura plus d’industrie ici » insiste Hubert Kirchner. Et il ne faut pas non plus avoir peur de leur confier les clés du camion. « A chaque rupture technologique, il y a une rupture du mentorat, explique Valery Jimonet. Il faut faire confiance à nos jeunes, tout en continuant à les encadrer. »
Pour Aletheia Press, Benoit Delabre