L'économie normande entre inquiétude et volontarisme

Le 16 décembre, les chambres consulaires de Seine-Maritime ont présenté leurs vœux pour 2025, dans un climat qui reste très instable.

Laurence Sellos, Guillaume Dartois et Olivier Rousseille, les présidents des chambres d'Agriculture, des Métiers et de l'Artisanat de Seine-Maritime et de la chambre de Commerce et d'Industrie Rouen Métropole. © Aletheia Press / Benoit Delabre
Laurence Sellos, Guillaume Dartois et Olivier Rousseille, les présidents des chambres d'Agriculture, des Métiers et de l'Artisanat de Seine-Maritime et de la chambre de Commerce et d'Industrie Rouen Métropole. © Aletheia Press / Benoit Delabre

Un monde complexe, instable, plein d'incertitudes… Voilà les mots qui sont revenus en boucle ce 16 décembre à Rouen dans la bouche des trois présidents de chambres consulaires, à l'occasion de leur traditionnelle cérémonie conjointe de présentation des vœux.

Une soirée qui a débuté par une intervention d'Eric Villeneuve, directeur régional de la Banque de France. Celui-ci s'est montré globalement rassurant. "Le moral flanche, mais le physique tient" a-t-il dit pour illustrer des chiffres pas si mauvais. Pour appuyer son analyse, il a notamment mis en avant la baisse régulière des taux d'intérêt qui devrait se poursuivre en 2025, et qui a d'ores et déjà permis de contenir l'inflation. "La politique monétaire fonctionne, a-t-il déclaré. La désinflation est en bonne voie, même si la reprise de la croissance est plus lente que prévue". En 2024, elle serait légèrement positive à 0,9%, notamment pénalisée par une forte épargne des ménages, justement inquiets de l'avenir (notamment du fait du poids de la dette).

Volontarisme, souplesse et résilience

Malgré ce discours plutôt positif, en Normandie, le nombre défaillances d'entreprise a continué de croître, de manière plus accrue que dans d'autres régions. "Nous ne devons pas oublier que nous sommes toujours dans un effet de rattrapage du "quoi qu'il en coûte," a tempéré Eric Villeneuve. Il manque encore 37 500 défaillances par rapport à ce que nous aurions connu, s'il n'y avait pas eu le creux du Covid. Et nous sommes aussi toujours dans la gestion du pic de créations que nous avons connu en 2021."

Les secteurs de l'industrie, du bâtiment, et de l'hébergement et la restauration sont les plus touchés. Une tendance qui pèse sur le moral des Français, d'autant que le taux de défaillance des PME est passé de 6% sur la période 2010-2019 à 8% en 2024. Ce qui a un effet plus important sur l'emploi, même si le taux de chômage devrait être de 7,8% en 2025. "Certes, le physique tient, mais quand on veut être dans la performance, le mental joue beaucoup", a pointé Olivier Rousseille, président de la CCI Rouen Métropole, filant la métaphore employée par le directeur de la Banque de France.

Volontarisme, souplesse et résilience

Alors face à cette situation, les forces économiques de Seine-Maritime misent sur des projets structurants. "Nous avons un territoire très riche, mais pour exploiter ses atouts, il faut une vision collective et aussi prendre des décisions courageuses", a déclaré Laurence Sellos, présidente de la chambre d'Agriculture de Seine-Maritime. Le nouvel EPR à Penly, la Ligne Nouvelle Paris Normandie ou encore le contournement Est, sont des repères sur lesquels les entreprises seinomarines veulent compter. "Des opportunités majeures qu'il faut aborder avec équilibre" a poursuivi Olivier Rousseille.

Les transitions énergétiques, écologiques, et numériques, sont aussi à prendre (enfin) à bras-le-corps, mais "de manière inclusive", a tempéré Laurence Sellos ; "pour ne laisser personne au bord du chemin". De l'innovation aussi, mais sans jamais oublier la priorité absolue qui est "de garantir notre souveraineté alimentaire".

De son côté Guillaume Dartois, président de la chambre des Métiers et de l'Artisanat de Seine-Maritime a rappelé l'importance de continuer à investir dans la formation (initiale et continue). Il réclame aussi la simplification des procédures administratives. Un passage obligé "pour garder de la souplesse et de la réactivité", bref, "de la résilience", d'autant plus importante dans cette période d'instabilité. "Le dialogue et la confiance sont la clé de la réussite" a appuyé en guise de conclusion Olivier Rousseille.

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre