Industrie : les dépenses climatiques fléchissent avec la crise sanitaire
1,6 milliard d’euros, c’est la somme globale investie par les industries françaises pour la protection de l’environnement, en 2020. Un chiffre en baisse de 5% par rapport à 2019, après une hausse de 22% entre 2017 et 2019, selon l’Insee.
En 2020, les structures industrielles comptant au moins 20 salariés ont consacré 1,6 milliard d’euros à des investissements et études pour protéger l’environnement, d’après l’enquête annuelle de l’Insee, publiée le 23 juin dernier. Ces investissements visent en majorité à traiter la pollution engendrée par l’activité des entreprises.
Les efforts en faveur de l’environnement sont surtout portés par les grandes structures. En 2020, 82% des entreprises de plus de 500 salariés ont investi dans des dépenses antipollution, contre 25% des PME en employant entre 20 et 50. « Alors qu’ils représentent moins de 3% des établissements, les grands établissements concentrent 30% des dépenses », indique l’Insee.
Baisse marquée dans le secteur énergétique
En 2020, les principaux secteurs qui s’investissent le plus dans la dépense environnementale sont encore ceux de l’énergie (548 millions d’euros), l’agroalimentaire (305 millions), la chimie (167 millions) et la métallurgie-produits métalliques (123 millions). Globalement, la plupart des secteurs ont diminué leurs dépenses vertes, plus particulièrement le secteur de l’énergie, affichant une diminution de 17% après une hausse de 44% entre 2018 et 2019. En revanche, les montants engagés par l’agroalimentaire continuent à augmenter pour la troisième année consécutive, en hausse de 23% par rapport à 2019 et de 64% par rapport à 2017. Les dépenses progressent aussi sensiblement dans les industries chimiques et pharmaceutiques.
Pour protéger la qualité de l’air des effets nocifs de leur activité, les industries françaises ont mobilisé 233 millions d’euros, en 2020. Pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, elles ont mis sur la table 407 millions d’euros. Ce type d’investissement, qui ne représentait que 119 millions d’euros en 2017 a plus que triplé en trois ans. L’Insee impute cette évolution à la loi « Energie et climat » adoptée en 2019, imposant aux entreprises de plus de 500 salariés de tenir un bilan de leurs émissions de gaz à effet de serre et un plan d’action pour améliorer leur impact environnemental.
15% des investissements abandonnés
Les investissements liés à la protection environnementale, qui constituent l’essentiel de la dépense totale (82 %), soit 1,3 milliard d’euros, ont enregistré un léger recul de 3%, en 2020, en raison «essentiellement, de la baisse du nombre d’établissements ayant réalisé de tels investissements» (– 7 % entre 2019 et 2020). Toutefois, le montant moyen engagé dans ce sens a progressé de 3% (198 000 euros). En revanche, les sommes consacrées aux études (18% des dépenses, 288 millions d’euros) ont affiché une baisse significative., en particulier, celles en prévision d’un investissement (-24%).
La crise du Covid a, en effet, fortement impacté les décisions des entreprises concernant la réalisation d’études ou d’investissements pour protéger l’environnement. Selon les données dévoilées, 20% des établissements affirment qu’ils n’ont pas réalisé certains investissements ou études en raison du contexte sanitaire. Parmi ces derniers, 85% ont reporté leurs projets, tandis que les 15% restant ont complètement abandonné l’idée. « Les établissements des secteurs d’activité fortement touchés par la crise sanitaire sont les plus pessimistes », indique l’Insee. À titre d’exemple, les structures opérant dans le secteur de la métallurgie, lourdement affecté par la crise en 2020, se sont trouvées dans l’incapacité de réaliser plus d’un quart des projets initialement prévus. Seuls 2% des établissements industriels ont considéré la situation sanitaire comme une opportunité pour engager de nouveaux investissements visant la protection environnementale.
AÏcha BAGHDAD et B.L