« Il faut redorer les métiers du bâtiment »

À 24 ans, Maxime Caru a créé son entreprise de construction à Longueville-sur-Scie en novembre. Il déplore que les métiers du bâtiment soient si peu valorisés, alors que le travail ne manque pas.

Maxime Caru dirige aujourd'hui 2 salariés et souhaite embaucher un apprenti. (© Aletheia Press / B.Delabre)
Maxime Caru dirige aujourd'hui 2 salariés et souhaite embaucher un apprenti. (© Aletheia Press / B.Delabre)

Maxime Caru est un jeune entrepreneur. Dans les deux sens du terme. A 24 ans, il a créé en novembre dernier son entreprise de construction. « Nous sommes spécialisés dans la charpente traditionnelle, mais aussi la menuiserie intérieure et extérieure, l'isolation et la plâtrerie », explique-t-il. Le parcours du jeune homme reflète en bien des choses les difficultés de recrutement de la filière. « Quand j'étais au collège, on m'a fortement déconseillé de m'orienter vers ces métiers. J'ai même une prof de SVT qui m'a dit : ''tu vas finir à la rue'' ». Fort heureusement, Maxime Caru est du genre passionné. Petit-fils d'un dessinateur en architecture, il découvre le lycée du bois d'Envermeu après que son frère y est entré. « Je suis allé voir mon frère là-bas et ça m'a donné envie. Et j'ai bien fait, car je me suis éclaté. »

Dynamique d'équipe

Maxime Caru suit alors un parcours sans faute. BEP Charpentier Bois, puis Bac Pro Technicien en Construction bois au lycée du Bois. Il s'engage ensuite dans un BTS Responsable de chantier en apprentissage, à la suite duquel il travaille 4 ans comme Conducteur de travaux chez son maître d'apprentissage. Désormais volant de ses propres ailes, et employant deux salariés, il compte lui aussi embaucher un apprenti, qu'il espère ensuite titulariser. « Il faut passer par la formation pour redorer les métiers du bâtiment. Il y a du travail dans ce secteur. » Et l'apprentissage est aussi un bon moyen de s'assurer de salariés compétents. C'est aussi ce rôle d'encadrement que Maxime Caru apprécie particulièrement. « Le rôle de l’entrepreneur, c'est aussi de faire en sorte qu'il y ait une bonne dynamique d'équipe, que les salariés se sentent bien dans leur travail, défend-t-il. Et aussi bien sûr de trouver des chantiers... »

Un marché porteur

De ce côté-là, la dynamique semble bien s'enclencher pour Caru Constructions. Objet d'un reportage sur France 2, il a rapidement eu ses premiers clients et le bouche à oreille fonctionne. « Nous avons pour 8 mois de chantier », se félicite le jeune entrepreneur, qui constate une bonne dynamique de marché, malgré la hausse des prix. Notamment dans le domaine de la rénovation. « On sent que les gens ont envie de faire des travaux chez eux, sourit Maxime Caru. Il y a de la concurrence, mais il y a du travail pour tout le monde, si on est sérieux et qu'on pratique des prix corrects. »

Le jeune entrepreneur a aussi choisi de se différencier en répondant à des demandes très spécifiques, comme par exemple la réalisation de copies d'ancien, de moulures... « Notre matériel n'est pas spécifique, mais nous nous sommes équipés aussi pour répondre à ces demandes ». Au total, il a investi 30 000 € dans ses machines qu'il espère amortir en 5 ans. Même les difficultés d'approvisionnement ne perturbent pas trop la dynamique de l'entreprise. Maxime Caru anticipe au maximum les délais, fait un peu de stock en bois, et surtout fait appel à des fournisseurs locaux. « C'est beaucoup plus agréable de travailler avec des fournisseurs locaux, car il y a plus d'esprit d'entraide. »

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre