Francofil : du filament haut de gamme pour l’impression 3D
A Manneville-la-Goupil, Francofil produit des filaments pour imprimantes 3D. Positionnée sur une gamme de haute voire très haute qualité, la start-up intéresse les particuliers comme l’industrie de pointe.
Bienvenue à Manneville-la-Goupil, 1 000 habitants… Sans vouloir faire injure à ce village cauchois, ce n’est pas un endroit où l’on s’attend à trouver une start-up à la pointe de l’innovation. Et pourtant. C’est là que se trouve Francofil, une start-up spécialisée dans les filaments pour imprimante 3D, et qui vient de boucler une levée de fonds de 300 000 €. L’entreprise est née il y a 3 ans, sous l’impulsion de Florent Port. Ingénieur en plasturgie, il décide de tenter sa chance sur le marché des consommables pour imprimante 3D, constatant la faible qualité de ceux disponibles sur le marché. Il développe son filament, plus résistant aux cassures. Comme d’autres, il choisit l’Acide polylactique, le PLA, c’est-à-dire un plastique d’origine végétale, fabriqué à base d’amidon de maïs.
Colorants naturels et économie circulaire
Mais Francofil se fait surtout connaître par la suite, avec l’utilisation de colorants naturels adjoints au PLA. Des colorants originaux et eux aussi biosourcés : ils sont fabriqués à base de coquilles d’huîtres, de moules et de St-Jacques, de blé et de café… « Nous sommes dans la logique de l’économie circulaire, en valorisant des déchets de l’agroalimentaire », argumente Marc Fromentin, Innovation business developer chez Francofil. La poudre de coquille d’huître donne une teinte gris nacré, celle des St Jacques, un blanc lui aussi nacré, et celle des moules un rose marbré très prisé. Quant au blé et au marc de café, ils colorent respectivement en marron clair et marron foncé. Cette gamme originale, Francofil en garde le secret de fabrication jalousement. Avec un touché très légèrement granuleux, et surtout une bonne qualité de fil, elle a conquis peu à peu sa clientèle. « Cela commence à être reconnu », se félicite Marc Fromentin, même si Francofil doit évidemment compter avec la concurrence chinoise. Ne pouvant s’aligner sur les prix, l’entreprise cauchoise mise sur une qualité irréprochable et un relationnel plus simple.
Des opportunités dans l’industrie de pointe
Son savoir-faire et l’agilité de son ingénierie la pousse même dans les bras des industries de pointe. L’aéronautique, la médecine, l’automobile, sont des secteurs qui recherchent des filaments avec des propriétés sur-mesure. « Ce sont les secteurs les plus en pointe sur l’impression 3D, constate Marc Fromentin. Ils ont besoin de trouver le matériau idéal, avec des propriétés de résistance mécanique, thermique ou chimique particulières. » C’est d’ailleurs ce qui a conduit Francofil à rejoindre fin 2019 le cluster de la défense et de l’aéronautique NAE. Et déjà des idées sont sur la table…
En attendant, la levée de fonds réalisée permet à l’entreprise d’embaucher un peu… De 2 ETP, elle devrait prochainement passer à 4… avant peut-être un nouveau recrutement en fin d’année. Avec des profils qui restent à définir en fonction de l’évolution que prendront les choses. Marc Fromentin : « Nous allons continuer de performer sur le marché des particuliers avec notre gamme de produits originale. Et nous verrons ce que donne le marché de l’industrie. » Pour l’heure Francofil s’est durablement installée dans un local de 300 m², abritant deux lignes de productions… Comme quoi, il se passe de belles choses dans la campagne cauchoise.
Aletheia Press, Benoit Delabre