Fragile embellie sur les délais de paiement des entreprises
En 2021, les retards de paiement des entreprises ont diminué pour atteindre 12,5 jours, en moyenne, sans retrouver néanmoins le niveau d'avant crise, d'après l'étude du cabinet Altares.
La guerre en Ukraine va-t-elle remettre en cause la fragile embellie ? Le groupe Altares, spécialiste des data d'entreprises, a publié un « État des lieux 2021 des délais de paiement des entreprises françaises », le 30 mars dernier. En synthèse, l'an passé, la situation s'est améliorée, après la flambée des retards de paiement qui avaient atteint 14 jours à l’été 2020. A l'origine de cette tendance, le plan public de soutien qui a soulagé la trésorerie des entreprises, leur permettant de continuer à régler leurs facture à temps. Et aussi, « si le pic d’activité de l’été 2020, au lendemain du premier confinement, a fait flamber les délais de paiement, la solidarité entre les entreprises et le travail du Comité de crise - mis en place dès mars 2020 pour dénouer les cas les plus difficiles - ont contribué à un retour rapide à des comportements de paiement plus vertueux », analyse Thierry Millon, directeur des études Altares, dans un communiqué. Toutefois, en 2021, le niveau d'avant crise sanitaire -11,3 jours en 2019- n'a pas été retrouvé, avec un taux moyen de retard de 12,5 jours. Et les évolutions sont diverses selon la taille des entreprises et dans les différents secteurs. Toutefois, ces derniers connaissent presque tous une amélioration, plus ou moins importante. L'industrie et la construction affichent même un record (positif), avec des retards moyens d'environ 10 jours. Le commerce, lui, connaît des retards de l'ordre de 14 jours, après avoir dépassé les 15 au cours de l’été 2020, voire 20 pour les ETI.
Les grandes entreprises, plus en retard
D'autres secteurs ont réalisé une amélioration plus importante encore à l'image des services aux entreprises. Après avoir dépassé les 18 jours de retard à l’été 2020 , ils sont redescendus à 14,6. Quant aux transports logistiques, qui affichaient plus de 18 jours de retard, en moyenne, en été 2020, ils ont diminué leurs délais de plus de deux jours, en 2021. Cas particulier, la situation ne s'est pas substantiellement améliorée dans l'hébergement-restauration, secteur particulièrement impacté par la crise sanitaire et aux retards traditionnellement très supérieurs à la moyenne nationale. Ils dépassent toujours 20 jours au terme de 2021, contre 21 à l'été 2020.
Autre constat de l'étude, l'écart se creuse entre les délais de paiement des petites et des grandes entreprises. Aux extrêmes, en 2021, celles de plus de 1 000 salariés affichent un retard de 17,4 jours, et celles de moins de 50 de 12,4. Globalement, les retards reculent dans les sociétés de moins de 200 salariés, se stabilisent pour celles de 200 à 999 salariés, mais augmentent chez les plus grandes. On observe ainsi un écart de cinq jours de retard en 2021 entre les structures de moins de 50 salariés et celles de plus de 1000 salariés, contre 4,4 l’année précédente. D'après Altares, « traditionnellement, le respect des délais de paiement est inversement proportionnel à la taille de l’entreprise ». Mais l'obligation de passer à la facturation électronique – qui concernera l’ensemble des acteurs économiques à l’horizon 2026 - « devrait aussi permettre de fluidifier les échanges et potentiellement de réduire les retards de paiement », estime Thierry Millon. Une hypothèse qui reste tributaire de l'évolution de la crise internationale.
Les délais de paiement, sujet à médiation
Les conditions de paiement, des retards souvent, demeurent le premier motif de saisine de la Médiation des entreprises : 47% des cas, en 2021, selon le chiffre dévoilé en conférence de presse, le 15 mars dernier.