Deux ans après la fusion, NatUp va très bien !
Basée à Mont-Saint-Aignan, la coopérative régionale NatUp affiche d’excellents résultats sur l’exercice 2019-2020, grâce, notamment, à sa stratégie de diversification.
La coopérative régionale NatUp va bien. Très bien même. Deux ans après sa naissance, issue de la fusion entre les coopératives Cap Seine et Interfaces Céréales, celle qui représente 5 000 agriculteurs adhérents (et 2 000 agriculteurs partenaires) travaillant 300 à 350 000 ha de terres, affiche un résultat exceptionnel. « C’était cette année le premier exercice complet que nous réalisions en configuration ’’NatUp’’ », a rappelé Patrick Aps, le directeur général à l’occasion d’une conférence de presse donnée le 8 décembre. Un exercice au terme duquel le groupe a dégagé un chiffre d’affaires de 1,128 milliards d’euros. Son excédent brut d’exploitation (EBE) avoisine les 42 millions d’euros, pour un résultat net de 17,7 M€ et 5 M€ redistribués aux adhérents. « Ce n’était jamais arrivé, se félicite Patrick Aps. C’est de très bon augure pour la suite, d’autant que nous avons encore des leviers à actionner pour continuer à performer. »
« On ne s’interdit rien »
Néanmoins, les dirigeants de NatUp le savent, la route ne s’ouvre pas totalement dépourvue d’obstacles. L’annulation de l’autorisation d’exploiter la plateforme logistique Seveso de Vieux-Manoir en Seine-Maritime – 8 M€ d’investissement – en est un exemple douloureux. « Cette annulation nous coûte 1,5 M€ par an et remet en cause toute notre stratégie de maillage du territoire », tempête Patrick Aps. Autre coup dur, l’entrée en vigueur de la loi Egalim qui interdit les remises et ristournes sur les produits phytosanitaires. « Pour nous, c’est 12 à 13 % de perte de chiffre d’affaires sur ce poste, alors même que les volumes écoulés sont les mêmes », poursuit le directeur général. « Nous sommes confrontés à des évolutions de la réglementation, à cette crise Covid, mais nous sommes sereins, tempère Jean-Charles Deschamps, le président de la coopérative. Nous avons de vraies perspectives et une solide stratégie. » Celle-ci a été construite en 2013, du temps de Cap Seine, et depuis, la coopérative n’en dévie pas. Il s’agit d’aller chercher de la valeur sur de nouvelles filières en exploitant toutes les opportunités. « On ne s’interdit rien, aime à répéter Jean-Charles Deschamps. Mais il y a toujours une logique de filière. On cherche à vendre avant de produire, plutôt que l’inverse. »
Sorgho, fil de lin et insectes…
Cette stratégie a conduit le groupe à investir dans la filière ovine, dans la pomme de terre, les légumes de cinquième gamme, les éco-matériaux (à base de lin)… Et aujourd’hui dans le lin textile avec la création, prévue en 2021, d’une filature dite au mouillé, qui n’existait plus en Europe. L’occasion de recréer une filière lin textile 100 % française. « Le projet avance bien, se félicite Jean-Charles Deschamps. Le financement est acquis. Nous sommes dans une logique de circuits courts et nous sommes accompagnés par de grandes marques : le Slip français, Saint James et Petit Bateau. » Au total, ce seront 250 tonnes de fil de lin qui seront ainsi produites à Saint-Martin-du-Tilleul (27). Une paille sur le marché du lin. Mais un réel moyen d’aller chercher de la valeur.
Sorgho, quinoa, insectes… d’autres projets sont encore à l’étude. Par cette stratégie de diversification, la coopérative renforce son lien au territoire et sa résilience. « Ce spectre d’activité beaucoup plus large nous « dés-expose » aux fluctuations et aléas », argumente Patrick Aps, qui rappelle la volatilité des cours des produits agricoles et la forte dépendance des récoltes aux conditions climatiques. Cela crée aussi des synergies et engendre automatiquement de nouvelles opportunités… que NatUp compte bien saisir quand ce sera possible.
Pour Aletheia Press, Benoit Delabre