La Métropole Rouen Normandie et La Walsheim expérimentent le lombricompostage
En partenariat avec l'entreprise Vera Grow, la Métropole de Rouen lance une expérimentation de lombricompostage dans les restaurants de son territoire. Le premier composteur a été installé à La Walsheim à Rouen. Un second s'installe au Parc à Duclair.
Des vers de terre dans la cuisine d'un restaurant... Il y en a que ça pourrait interloquer. Et pourtant ! A la célèbre brasserie alsacienne de Rouen, La Walsheim, un lombricomposteur est installé depuis quelques jours. Son job : transformer 5 kilogrammes de déchets organiques (déchets végétaux provenant de la cuisine) en un riche compost. Il a été inauguré le 25 mai en présence de Nicolas Zuili, conseiller municipal, et de Marie Atinault, élue métropolitaine.
En effet, il s'agit là d'une expérimentation lancée par la Métropole de Rouen. Dans le cadre de la loi AGEC (anti-gaspillage pour une économie circulaire), elle souhaite travailler à la réduction des déchets organiques sur son territoire. Elle s'est donc rapprochée de restaurateurs afin qu'ils testent le lombricompostage en flux continu, proposé par la start-up rouennaise Vera Grow.
5 kilogrammes digérés par jour
A la Walsheim, Jean Coves, le gérant, a tout de suite répondu présent. « Il y a un après Covid qui nous oblige à nous réadapter et à investir pour notre avenir, défend-t-il. Notre préoccupation d'individu et d'entreprise, c'est de savoir comment faire pour aider notre planète ». Financé par la Métropole, l'engin de 600 litres coûte tout de même 5 000 €. Placé à l'écart des cuisines, dans un local technique, le « ventre de métal » est alimenté simplement par le haut en déchets et, à proportion égale en carton, afin de réduire l'humidité dans le composteur. De quoi éviter odeurs, moucherons, et production de jus dans le compost. Au niveau sanitaire, « les ingénieurs de Vera Grow nous ont rassurés tout de suite » souligne Jean Coves.
Une personne a été brièvement formée pour le gérer... mais dans les faits, la bête n'a pas besoin de beaucoup de soins. Les vers de terre (et non pas les lombrics) travaillent et se reproduisent seuls à une température idéale. A plein rendement, le composteur digérera 5 kg de déchets organiques par jour (pour autant de vers de terre). On est encore loin des 25 kg produits chaque jour par La Walsheim... « On ne va pas tout absorber, convient Jean Coves. Mais c'est un premier pas. Et on compte aller plus loin. » L'achat d'un autre lombricomposteur est ainsi programmé pour équiper la cuisine centrale du groupe, basée à Bihorel, et qui alimente en produits transformés (comme les sauces par exemple) plusieurs restaurants de Rouen.
Evacuer le compost
Et le compost ? Il est récupéré simplement sous le composteur, par « raclage ». « Les vers de terre produisent en compost un tiers de ce qu'on leur apporte à manger » explique Théo Saint-Martin, l'un des fondateurs de Vera Grow. Une évacuation régulière du compost s'avérera donc nécessaire. Les petits volumes produits n'intéressant pas les agriculteurs, un débouché en ultra-local est envisagé. « Nous nous sommes rapprochés des jardins privés de Bihorel » à qui le compost sera donné explique encore Jean Coves. Un investissement humain qui n'est pour l'heure pas encore mesuré. « Il n'y a aucun retour sur investissement financier, complète le dirigeant. Il ne faut pas le faire pour ça. Quand on s'engage là-dedans, on le fait parce que c'est important pour les générations futures. »
Pour Aletheia Press, Benoit Delabre