Des PME s'emparent du numérique
Commerçant en peintures bio sourcées ou produits en inox pour les industriels, librairie... Plusieurs PME au modèle économique traditionnel ont reçu le trophée « Réussir avec le numérique » décerné par la CPME.
Qui imaginerait se passer du numérique aujourd'hui ? Le 21 septembre, à Paris, la CPME décernait ses trophées « Réussir avec le numérique », assortis d'une somme de 7 000 euros par lauréat. C'était la 4 ème édition de l’événement organisée par la Confédération des petites et moyennes entreprises qui entend encourager ses adhérents à se saisir des outils digitaux. Cette année, plus de 150 entreprises ont concouru pour obtenir l'un des cinq prix décernés. Parmi elles, un garage automobile, une galerie d'art contemporain, un camion itinérant qui sillonne les campagnes pour réparer les ordinateurs des habitants isolés, une librairie, une agence d’intérim, un commerçant de pièces en acier pour industriels... Pour l'essentiel, des PME au modèle économique traditionnel qui ont intégré l'outil numérique dans leur fonctionnement avec des objectifs variés : accélérer leur développement, accroître leur notoriété, devenir une entreprise plus inclusive, gérer leurs ressources humaines...
Dans de nombreux cas, l'expérience du confinement s'est révélé importante, voire déterminante, dans le déploiement de leur stratégie numérique. Et pour toutes, l'expérience s'est révélée payante. Comme pour le garage Saint-Joseph (Nantes) qui a déployé une application permettant aux clients de gérer l'ensemble de la démarche. « aujourd'hui, 50% des utilisateurs de l'application sont de nouveaux clients », témoignait Stéphane Baudry, gérant du garage Saint-Joseph, dans une vidéo projetée lors de la cérémonie.
Parmi les entreprises qui se sont vues décerner un prix (au titre du développement de l'entreprise), Camaëlle, TPE basée près d’Angoulême. Elle propose des peintures bio sourcées pour professionnels et particuliers. Son site Internet marchand, opérationnel depuis février 2021, lui a permis de booster ses ventes. « Nous avons augmenté notre chiffre d'affaires de 20% », précise Fabienne Leclerc, co-fondatrice de Camaëlle. Longtemps, « sur les salons, on nous demandait si nous disposions d'un site de e-commerce, mais je pensais qu'il était compliqué d'acheter de la couleur en ligne. En fait, cela se passe bien. Il faut décrire les produits, les illustrer avec des photos... et les gens se laissent séduire ! ».
Le Covid, événement parfois déclencheur
Il a fallu la crise du Covid pour lui faire changer d'avis. Fabienne Leclerc, qui avait dû mettre ses salariés au chômage partiel, s'est résignée à vendre via une plateforme. Les commandes ont commencé à affluer, et aussi grâce à l'aide du bureau de poste local qui a facilité les envois, la cheffe d'entreprise a pu faire revenir ses salariés. L'opération « a sauvé l'entreprise », estime-t-elle. Le trophée pour la notoriété a été décerné à une autre TPE, la Libraire de Paris, à Saint-Etienne. Elle est gérée par deux ex-salariés qui ont repris la société en 2016. « Nous voulions aller chercher des jeunes. Nous avons donc embauché une personne pour développer le digital », explique Rémi Boute, associé et gérant. Pour lui, le constat est clair : « Cela nous amène du monde à la librairie ».
Autre PME encore qui a été distinguée par le trophée « coup de coeur », Breiz Inox, basé à Sautron (Loire Atlantique). L'entreprise familiale, fondée en 1984, commercialise tubes, raccords à souder, raccords...en acier inoxydable pour les industriels. « En ce qui concerne le numérique, nous venons de loin. Pour mon père, c'est toujours de la m... ! », illustre avec malice Anne Raillard, directrice générale... En dépit de discussions familiales probablement animées, depuis 2018, l'entreprise dispose d'un site Internet performant qui permet aux clients d'accéder au catalogue des produits, aux fiches techniques... Pour Anne Raillard, la direction est claire et la pandémie a renforcé sa conviction quant à l'utilité du numérique : « Je souhaite utiliser ces outils, et notamment les réseaux sociaux, en plus de notre force commerciale sur le terrain », explique-t-elle. A ce titre, elle entend utiliser les 7 000 euros qui accompagnent le trophée pour continuer d'investir dans ce domaine. Tout comme les associés de la Librairie de Paris : ils souhaitent pérenniser le poste de Sarah, l'apprentie qui gère les réseaux sociaux. Et c'est précisément ces derniers que vise à présent Fabienne Leclerc. « Aujourd'hui, ils sont incontournables dans notre métier », estime-t-elle. Pour faire son apprentissage, elle compte poursuivre sa collaboration avec l'agence Web 16h33, qui l'a accompagnée jusqu'ici : en matière de numérique, « il est important de travailler côte à côte », conclut Fabienne Leclerc.