Beauté
Cosmetic Valley : le glamour ? Non, la science
Pour s'imposer face à des compétiteurs redoutables, coréens notamment, l'image de marque de l'élégance française ne suffit pas. La Cosmetic Valley, pôle de compétitivité, mise sur l’innovation et la recherche scientifique.
Derrière le glamour, la rigueur scientifique. Le 15 avril, à Paris, s'est tenue la remise des prix (académique et industriel) du Concours international de Recherche & d’Innovation « The Cosmetic Victories ». Parmi les 111 projets candidats, « Déchiffrer le code des odeurs : une IA bio-inspirée pour une prédiction précise de la perception des odeurs », porté par Matej Hladiš, doctorant à l'Université Côte d'Azur a remporté le prix académique. Prateek Mahalwar, fondateur de la société Bioweg, spécialiste de la bio-innovation (Allemagne) a remporté le prix industrie avec « Révolutionner l'avenir des ingrédients bio sourcés, grâce au pouvoir des microbes et de la chimie verte ». L'organisatrice de l'événement ? La « Cosmetic valley », pôle de compétitivité qui regroupe 6 300 établissements, TPE, PME et géants du secteur comme L'Oréal, pour un chiffre d'affaires de 71 Mds d'euros.
Avec 21 Mds d'euros d’exportation en 2023, la filière est aussi le premier exportateur mondial de parfums et cosmétiques, face à des concurrents comme la Corée du Sud ou Taïwan. Le mérite en revient à la touche française - Chambord et Coco Chanel, mais pas seulement. « Seule l'avance technologique fera que nous conserverons ce rôle de leader », mettait en garde Marc-Antoine Jamet, président de la Cosmetic Valley, lors de la conférence de presse consacrée à la remise des prix.
Depuis la Californie pour 10 000 euros ?
Fondé en 2005, le pôle de compétitivité mise donc à fond sur l'innovation et la recherche scientifique, expliquent ses représentants. La Cosmetic Valley a mis en place des dispositifs de veille, collaboration, soutien à des projets, implication d'entreprises et chercheurs (y compris de laboratoires publics comme le CNRS). Par exemple, « notre rôle consiste à rassembler des acteurs, afin qu'ils puissent travailler ensemble, même s'ils sont concurrents, comme des entreprises de test qui ont collaboré à des projets de recherche sur des thèmes communs », illustre Amandine Goubert, directrice Recherche et innovation.
La Cosmetic Valley s'attache aussi à valoriser cette démarche au plan international. Il y a dix ans, notamment, elle a fondé le salon Cosmetic 360, consacré à l'innovation. Celui-ci est devenu un rendez-vous international avec, lors de sa dernière édition, 250 exposants et 5 000 visiteurs provenant de plus de 70 pays. « The Cosmetic Victories », lui, a vu affluer des projets de 22 pays, dont les États-Unis. Ohad Bendror-Bendas est venu défendre le sien depuis Palo Alto (Californie). L'image semble saugrenue : ce fondateur de NanoSpun, start-up dans les biotechs qui a déjà levé 5 millions de dollars, motivé par les 10 000 euros attribués aux gagnants de « The Cosmetic Victories » ? Mais pour Marc-Antoine Jamet, l'Américain est venu chercher « de la levée de fonds, des clients, de la renommée », facilités par la labellisation d'un projet par la Cosmetic Valley, devenue référence en matière d'innovation. La concurrence n'est reste pas moins rude : en 2023, la France figure à la huitième place mondiale en matière de publications et dépôt de brevets dans la cosmétique.
Anne DAUBREE