Commerce : les prémices d’une reprise
Après une année 2020 particulièrement difficile pour le commerce, les signes d’une reprise se dessinent, selon une récente étude de l’Insee.
2020, année de crise marquée par une chute historique du PIB. Résultat de cette situation inédite, les ventes du commerce de détail reculent de 3 %, après une décennie de croissance, et celles du commerce de gros de 3,2%, en volume.
Dans le commerce de gros, presque tous les secteurs ont subi les effets des fermetures et des confinements successifs, en particulier l’habillement et les chaussures (- 15,6%). La détérioration de l’activité industrielle a aussi pénalisé les grossistes en équipements industriels (-7,2%).
Dans le commerce de détail, les produits alimentaires en magasin ont tiré leur épingle du jeu, en hausse de 1,3%. Les magasins de proximité sont ceux qui ont profité le plus de cet « élan » avec +9% pour les petites surfaces d’alimentation générale et magasins de produits surgelés, +8,9% pour les primeurs, par exemple. Dans le commerce de détail non alimentaire, la situation est moins favorable : les ventes en magasin ont plongé de 9,3% en 2020. Même tendance, pour le commerce et la réparation automobile, significativement touché (-10,8 %).
Les confinements ont aussi changé les habitudes de consommation. De plus en plus de Français se sont tournés vers l’achat en ligne, dynamisant le commerce hors magasin qui a crû de 5,9%, l’an passé. Selon la FEVAD (Fédération du e-commerce et de la vente à distance), les enseignes magasins qui vendent en ligne ont vu leurs ventes progresser avec une « accélération des livraisons à domicile, du click & collect et du drive », lors des deux confinements.
Les indicateurs virent au vert
Début 2021, la fermeture des commerces « non essentiels » a eu une incidence moins lourde qu’en 2020, indique l’Insee. La baisse des ventes est moins prononcée, notamment dans l’habillement, les meubles et le carburant. Les dépenses par carte bancaire, se sont pratiquement maintenues pour l’alimentaire en 2021 (+22%) par rapport à 2020, et ont même progressé durant la fermeture de 2021 par rapport à 2019 dans certains secteurs, comme la quincaillerie (+19%) et le e-commerce généraliste.
Pour cette année, globalement, l’activité dans le commerce semble reprendre des couleurs. Le niveau des ventes dépasserait ce premier trimestre celui de la même période de 2019 dans tous les secteurs, et en particulier dans le commerce de gros non alimentaire (+4%) et le commerce de détail alimentaire (+7%).
Le climat des affaires du secteur s’améliore également : il rebondit dans le commerce de détail et dans le commerce et la réparation d’automobiles en mai 2021, par rapport à avril, selon les enquêtes de conjoncture. Dans ce sens, le solde d’opinion des chefs d’entreprises sur les perspectives d’activité dépasse même sa moyenne de longue période, aussi bien pour le commerce de détail que pour celui de gros.
Les signaux de redressement se multiplient et laissent ainsi espérer une reprise, mais l’évolution de la situation sanitaire, avec la progression du variant Delta, risque de changer à nouveau la donne...
Jihane MANDLI et B.L
Commerce spécialisé : tout n’est pas forcément gagné
La fermeture des magasins « non essentiels » au printemps 2021 a marqué de son empreinte le commerce spécialisé, rappelle Procos, la Fédération du commerce spécialisé, dans son bilan présenté le 7 juillet dernier. Si les Français fréquentent de nouveau les commerces depuis la réouverture du 19 mai, et si l’activité a progressé en juin (+15,8% par rapport à juin 2020), le recul sur le semestre par rapport à 2019 demeure très important : -18,5% en moyenne. L’effet est toutefois contrasté selon les secteurs. Ce sont ceux de l’équipement aussi bien de la personne que de la maison qui semblent profiter le plus de cette reprise.
Autre tendance, la réouverture des magasins paraît freiner le développement rapide des ventes en ligne : elles ne progressent que de 7% en juin, contre des taux de croissance qui dépassaient les 50%, les mois précédents.
La crise sanitaire change la géographie du commerce
Rien ne sera plus jamais pareil ! C’est en tout cas le constat de Procos. La fédération estime que le recours au télétravail et l’accélération de l’omnicanal après Covid vont certainement affecter la géographie des lieux de commerce : « Si les grandes métropoles demeurent le moteur de l’économie, la dissociation entre lieu de travail et lieu de vie leur fera perdre une partie de la consommation ». Les magasins de proximité dans les quartiers périurbains et périphériques devraient alors profiter de cette situation.