Comment UniLaSalle aide les entreprises à répondre aux enjeux environnementaux
Au sein de l'école d'ingénieurs UniLaSalle, l'unité de recherches Vam2in travaille sur les agromatériaux. Leurs propriétés peuvent être utiles pour les entreprises, notamment des secteurs du bâtiment et des emballages, de plus en plus incitées à développer des matériaux innovants pour répondre aux enjeux environnementaux.
Des emballages durables à base de lin pour la Maison de parfum Berry ou encore la gamme Parnatur (isolants à base de chanvre) pour le groupe Parex... Tels sont les projets sur lesquels travaillent les scientifiques de l'unité de recherche Vam2in (Valorisation des agro-ressources en molécules et matériaux innovants) d'UniLaSalle, école supérieure d'ingénieurs à Mont-Saint-Aignan. Ces différents projets répondent au même objectif : la valorisation des matières premières issues de l'agriculture, les agromatériaux.
Pour cela, l'équipe constituée d'une
vingtaine de personnes, dont cinq enseignants-chercheurs
répondent aux demandes des entreprises ou agriculteurs. « Les
porteurs de projets nous sollicitent, viennent parfois avec leur
propre matière », précise Feriel Bacoup, chargée de
recherche dans cette unité.
Ensuite, les chercheurs sont chargés
d'établir la « carte d'identité » des matières
en identifiant leurs propriétés et en établissant des formules
permettant leur utilisation. « À partir de moelle de
tournesol, nous avons obtenu un sachet de matière qui ressemble à
du polystyrène, ou encore un bloc, qui peut servir d'isolant dans le
bâtiment », affirme Feriel Bacoup, en montrant les
différentes transformations exposées dans une vitrine du
laboratoire. Mais avant d'obtenir cette matière innovante, les recherches sont longues et les manipulations
nombreuses. Car, il faut trouver la bonne formule qui répondent aux
résultats souhaités.
L'emballage et le bâtiment comme thématiques principales
Aujourd’hui,
les entreprises sont incitées à développer des matériaux
innovants,
notamment pour répondre aux enjeux environnementaux. L’utilisation de coproduits de l’agriculture
comme matières premières constitue une alternative intéressante
par leurs propriétés. L'unité de recherche
Vam2in est très sollicitée, avec deux thématiques particulières :
l'emballage et le bâtiment.
« Comme vous le voyez, on ne s'ennuie pas »,
s'enthousiasme Feriel Bacoup, accueillant actuellement dans son unité
dix stagiaires, du DUT au master.
Malgré cette prise
de conscience de la part des industriels et des PME, certains
freins sont toujours présents. « Il y a tout d'abord un
frein technique. Un industriel souhaite des
substitutions qui permettent la même
cadence que le matériau qu'il emploie déjà, mais c'est très
compliqué, car il faut prendre en compte la variabilité des
matériaux durables, qui peut ne pas être compatible avec une
cadence industrielle »,
constate Feriel Bacoup.
Le frein peut
être aussi réglementaire,
mais les lois évoluent - notamment avec la loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire. « Malgré la volonté de
certaines entreprises, elles ne s'engageaient peut-être pas dans
cette démarche par rapport au coût que cela engendre de changer une
production. Mais avec les nouvelles réglementations, notamment celle
excluant certains plastiques à usage unique, elles sont obligées de
changer », note la scientifique. Et d'ajouter : « Et
avec ces réglementations, l’État accorde davantage de
subventions, ce qui peut aider ces entreprises. »
Chaque filière est différente. Alors pour les chercheurs, il faut également prendre en compte les différents paramètres des secteurs. « La filière du lin est très organisée, contrairement à celle du tournesol », raconte Feriel Bacoup. Ainsi, les questions logistiques et de conditionnement rentrent aussi en jeu.
Des projets de recherche collaboratifs
L'unité
de recherche Vam2in travaille notamment en collaboration avec
NaturePlast
sur le projet AgriPlast, qui
a pour but de développer des nouveaux matériaux et produits
finis plastiques biodégradables en valorisant des dérivés et
coproduits issus des productions agroalimentaires.
Un
projet avec le Centre
technique industriel IPC
est également en cours. Il a pour objectif de développer des emballages
barrière recyclables et compostables en substitution des films
multicouches actuels qui sont incinérés ou enfouis.
Ces projets peuvent voir le jour grâce à la collaboration des entreprises partenaires mais aussi aux collectivités. « Nous sommes très soutenus par la Région Normandie et la Métropole Rouen Normandie », se félicite Feriel Bacoup. Les subventions ont permis l'acquisition de plusieurs machines, dont une imprimante 3D ou encore une machine qui permet d'étudier la durabilité des matériaux par les UV. Cet équipement et ces savoirs pourraient également permettre de construire un parcours d'enseignements dédié à la valorisation des agroressources, d'ici 5 ans.