Comment suivre les réseaux sociaux en toute discrétion ?
La plupart des grands réseaux sociaux imposent de montrer patte blanche avant de pouvoir consulter le contenu posté par leurs membres. Or, il existe des services alternatifs qui aident les visiteurs à accéder à ces réseaux, anonymement et sans inscription.
En quelques années, les réseaux sociaux ont bouleversé le paysage médiatique. Leur impact est parfois extrêmement positif, avec Facebook en facilitateur du « Printemps arabe », et parfois moins, avec Twitter en caisse de résonance de la mouvance conspirationniste QAnon. Qu’on les aime ou non, les réseaux sociaux sont devenus incontournables… mais aussi problématiques.
Tout d’abord, les grands réseaux sociaux sont tous aujourd’hui entre les mains de sociétés privées qui vivent de l’exploitation des données personnelles de leurs membres. Ceci se traduit par de fréquentes incartades dans le respect des données privées, qui scandalisent un nombre croissant d’internautes.
De plus, la plupart des réseaux sociaux limitent leur accès à leurs seuls abonnés. Pour avoir des nouvelles de proches ne communiquant que via les réseaux sociaux, il faut donc s’y être inscrit soi-même. Les récalcitrants sont ainsi condamnés à une forme d’exclusion sociale… qui ressemble presque à du chantage social.
La résistance s’organise
S’il existe des réseaux sociaux alternatifs, ils ont tous un défaut : une visibilité moindre que celle des ténors du secteur. Certains développeurs ont donc imaginé une autre solution, qui consiste à créer des applications « non officielles », permettant d’accéder aux réseaux sociaux, sans inscription et donc sans devoir partager ses données personnelles.
De multiples services web permettent ainsi d’accéder à YouTube sans passer par le site ou l’application de Google (son propriétaire). L’offre la plus connue reste Invidious, dont une multitude d’instances sont proposées par des webmasters du monde entier. Pour Twitter, qui limite le nombre de tweets lisibles par les non-abonnés, l’outil le plus connu est Nitter. Toutefois, les utilisateurs de Nitter subissent régulièrement les tentatives de blocage de Twitter.
D’autres services ont également droit à leur « front-end » alternatif : Reddit, avec des outils comme Teddit ou Libreddit, ou encore TikTok, avec ProxiTok.
Les réseaux sociaux s’organisent aussi
Les réseaux sociaux ne manquent pas d’imagination pour bloquer l’accès à ces services et applications autres que les leurs… interdisant, de fait, un libre accès aux données publiques de leurs membres. Facebook résiste ainsi plutôt bien. D’autres ont même remporté quelques batailles, comme Instagram. En septembre 2022, le développeur de Bibliogram, un « front-end » alternatif à Instagram, a fini par jeter l’éponge.
Toutefois, sur le long terme, cette confrontation ne pourra pas être gagnée par les firmes proposant ces grands réseaux sociaux. La plupart d’entre elles proposent, en effet, des applications mobiles qui se connectent à leurs serveurs au travers d’API ou interfaces de programmation dédiées. Ce sont souvent ces API que les développeurs indépendants vont exploiter pour créer leurs alternatives. Si Twitter peut dégrader la qualité de service des instances Nitter, il ne peut pas aller plus loin, sous peine de bloquer également ses applications mobiles. Une instance Nitter suffisamment discrète arrivera donc presque toujours à passer sous le radar… et échapper ainsi au blocage.
De plus, le flot de codes « non officiels » permettant d’accéder à ces services ne fait que croître, en grande partie sous l’impulsion des développeurs de la communauté « open source » (logiciel libre). Le projet français Woob propose ainsi une multitude de modules permettant d’accéder à des services web sans passer par les voies classiques. Une collection de modules faisant la part belle aux réseaux sociaux. La guerre pour un libre accès au contenu des réseaux sociaux ne fait donc que commencer…
David FEUGEY