Inégalités femmes/hommes : comment s’expliquent les écarts de salaires ?
En 2021, les femmes employées dans le secteur privé gagnent en moyenne 24% de moins que les hommes. Elles travaillent davantage à temps partiel et occupent moins d’emplois fortement rémunérateurs. A poste occupé et temps de travail similaires, l’écart salarial est ramené à 4,3%, selon l’Insee.
Qu’ils résultent d’un choix de carrière ou de la ségrégation des secteurs, avec des femmes exerçant des métiers peu mixtes et faiblement rémunérateurs, les écarts de salaires entre femmes et hommes subsistent. En 2021, le revenu salarial d’une femme, travaillant dans le secteur privé, reste, en moyenne, inférieur de 24,4% à celui d’un homme. Ce dernier perçoit un salaire moyen annuel de 24 640 euros contre 18 630 euros pour sa collègue féminine. L’étude de l’Insee, publiée à l’occasion de la journée internationale des droits de la femme, le 8 mars dernier, livre les raisons de cet écart.
D’après l’institut de statistique, les disparités salariales s’expliquent notamment par une faible représentation des femmes parmi les postes les mieux rémunérés et leur plus large recours au temps partiel. A cela, s’ajoute le fait qu’elles sont moins souvent en emploi en cours d’année. Résultat : leur volume de travail annuel est inférieur de 10,6% à celui des hommes, en 2021. A temps de travail équivalent, le différentiel salarial baisse à 15%.
Une différence liée à plusieurs critères
Les inégalités salariales s’accroissent en fonction de l’âge, de la taille de l’entreprise et de la catégorie socioprofessionnelle. Les femmes âgées de plus de 60 ans peuvent subir des écarts supérieurs à 27,5%, contre 4,6% pour les moins de 25 ans. Estimé à 16,1%, l’écart de salaire en équivalent temps plein (EQTP) le plus important est constaté chez les cadres, suivis par les ouvriers (14,3%), puis les professions intermédiaires (12,2%) et les employés (4,7%). D’autre part, la différence de salaires à temps de travail identique est plus nette dans les entreprises de plus de 5 000 salariés (18,4%), qu’au sein des petites structures (moins de 10 salariés), soit 8,6%.
Les écarts se réduisent
Malgré la persistance des inégalités salariales, l’écart s’est réduit de 6,6 points entre 1995 et 2021, note l’Insee. Cette (lente) décrue sur le quart de siècle s’explique surtout par l’évolution des différences de durée de travail , et d’autres facteurs, comme les emplois et les secteurs occupés, les différences de postes… « Les femmes et les hommes n’exercent pas les mêmes métiers et ne travaillent pas dans les mêmes entreprises ou les mêmes secteurs », note l’Insee. Si les femmes représentent 41,5% des emplois du secteur privé en 2021, cette proportion baisse quand les salaires s’élèvent ( 21,9 % de femmes dans le 1 % des salariés les mieux rémunérés). En termes de métiers occupés, celles-ci sont particulièrement présentes dans le secrétariat, les métiers de services et du soin (aides à domicile, aides-soignantes, infirmières). En revanche, elles sont nettement sous-représentées chez les maçons qualifiés (0,5%), les ouvriers du gros œuvre (1,2%) et mécaniciens (1,4%), détaille l’Insee. Une fois les effets de cette « ségrégation professionnelle » genrée gommés, l’écart salarial est ramené à 4,3%.
Les mères plus exposées
Autre facteur à prendre en compte : la situation familiale. Le nombre d’enfants et leurs âges influent à la fois sur le temps de travail et les salaires des femmes. L’Insee observe des écarts plus prononcés entre parents. En EQTP, les pères bénéficient de temps de travail et de salaires supérieurs à ceux des mères. Et la différence salariale entre hommes et femmes croît avec le nombre d’enfants à charge : elle est évaluée à 7,3% au sein des salariés du privé sans enfants, contre 30,9% entre les pères et mères de 3 enfants ou plus. « Ces différences proviennent à la fois de la baisse de salaire observée après la naissance pour les femmes, mais aussi des carrières durablement ralenties des mères par la suite », explique l’Institut de statistique.
AÏcha BAGHDAD et B.L