Clères veut créer une dynamique collective autour de l'artisanat
Propriété de la commune, l'ancien presbytère a été entièrement rénové. Il accueille depuis début juin une poignée d'artisans motivés pour créer une nouvelle dynamique sur la commune.
« C'est un peu l'auberge espagnole... » Nicolas Bram, photographe, est l'un des locataires ayant investi le 1er juin l'ancien presbytère de Clères. Un bâtiment remarquable en briques et silex, que la municipalité a choisi de préserver en le convertissant en tiers lieu dédié aux artisans. « C'est un projet dont je suis assez fière ! » avoue Nathalie Thierry, la maire de Clères.
Un projet qui pourtant ne coulait pas de source. Après sa session à la ville, l'idée de s'en débarrasser était dans bien des têtes. Vétuste et mal isolé, le bâtiment ne manque pourtant pas de charme. Et il dépanne même le Parc de Clères, propriété du Département, en accueillant ses bureaux durant huit ans, lors de la rénovation du château.
L'opportunité d'une nouvelle aventure
C'est finalement en 2019, que l'idée d'en faire une vitrine de l'artisanat germe. « J'avais très envie de faire ce genre de chose, exprime Nathalie Thierry. A l'occasion de la Fête de la Jonquille de 2019, nous avons fait du presbytère un lieu d'exposition. Et nous en avons profité pour prendre l'avis des visiteurs sur le devenir du bâtiment. » Au début, c'est un projet de chambres d'hôtes qui est retenu.
Mais la difficulté de répondre aux normes de sécurité tout en conservant le caractère de la bâtisse, réoriente le projet vers l'hébergement d'ateliers d'artisans. Reste à trouver les sous... A plus de 410 000 €, le budget de rénovation est conséquent, surtout pour une petite commune comme Clères. « Du fait du côté innovant du projet pour une commune rurale, nous avons reçu de nombreux soutiens, se félicite Nathalie Thierry. De la fondation du patrimoine, de la Région, de l'Etat, du Département. »
Et finalement, depuis le 1er juin, les artisans, qui bien sûr apportent leur contribution par un loyer, prennent possession des lieux. Un photographe, donc, mais aussi une couturière (Marie Nottrelet, Epingle et Moi), une pâtissière (Sophie Eriault, l'Atelier des Macarons), et une bijoutière (Emilie Martin, Emi Eloi)... arrivent les uns après les autres. Ils seront bientôt rejoints par un artiste-peintre. Ils ont été sélectionnés avec soin.
« Nous voulions des personnes qui soient ouvertes sur le collectif », insiste la maire de Clères. Ce sont donc des artisans déjà bien établis qui sont retenus, plutôt que des créateurs qui auraient trop à faire pour consolider leur entreprise. « Nous avons tous plusieurs années d'activité derrière nous », constate Nicolas Bram, qui a vu là l'opportunité d'une nouvelle aventure, d'une ouverture... Marie Nottrelet, elle, est ravie de pouvoir mieux séparer sa vie privée de sa vie professionnelle, de disposer un vrai espace pour son activité... « et aussi être seule, sans être toute seule... »
« Se booster les uns les autres »
Tous partagent en tout cas l'envie de construire des projets en commun... et qui dépasseraient peut-être même le seul petit groupe des 5... « Il faut qu'on surfe sur le dynamisme du moment. Il y a plein d'idées dans le chapeau. Il va falloir les trier, car ça fait beaucoup de choses, mais c'est prometteur. Ça ne peut que nous booster les uns les autres » Et sans doute aussi booster la vie cléroise. Une signalétique sera prochainement installée depuis le centre-bourg, très animé, surtout depuis le déplacement de l'entrée du Parc de Clères. « C'est une vitrine pour Clères. Maintenant, j'aimerais beaucoup faire vivre le jardin »... conclut Nathalie Thierry.
Pour Aletheia Press, Benoit Delabre