Bolbec : Une association de préfiguration pour la Cité textile de demain est lancée
À Bolbec, sur l’ancienne usine Desgénétais, Caux Seine Agglo veut positionner un pôle de compétitivité autour de la filière textile. Un trait d’union entre un glorieux passé et un avenir qu’elle veut radieux…
Participer au réamorçage de la filière textile à Bolbec… Voilà le grand projet que porte Caux Seine Agglomération, avec sa "Cité textile de demain", qui doit naître sur les vestiges de la friche Desgénétais. « C’est bien plus qu’une réhabilitation de friche », insiste Virginie Carolo-Lutrot, présidente de l’agglomération, qui voit dans ce projet la naissance d’un renouveau industriel. « Il n’y a pas de fatalité à ce que l’industrie textile française disparaisse ! »
Le projet est ambitieux. Il consiste à installer sur les 7 hectares de l’ancienne usine Desgénétais, un pôle textile qui intégrerait les nouveaux enjeux de la filière, de la production au recyclage, en passant par la recherche et le développement. Le lieu pourrait accueillir un pôle formation, un hôtel et une pépinière d’entreprises, un centre de production et une version agrandie et rénovée de l’actuel Atelier-Musée du Textile porté par l’association Bolbec au fil de l’eau.
Formation, R&D et production
Saugrenu ? Utopique ? « Souvent, on a raison d’aller à contre-courant », sourit Virginie Carolo-Lutrot. La preuve : le projet est lauréat de l’appel à manifestation d’intérêt les "Pôles territoriaux d’industries culturelles et créatives", ouvrant un soutien de 100 000 € de la part de l’Etat. Et les partenaires sont déjà nombreux à frapper à la porte, prêts à se réunir au sein d’une association de préfiguration, lancée le 4 décembre à l’Abbaye du Valasse, et destinée à se transformer à l’avenir en Groupement d’Intérêt Public (GIP).
Parmi les partenaires impliqués, Façon de faire, un cluster regroupant plus de 300 acteurs de l’industrie du textile engagés dans le 100 % Made in France. « Ce que nous voulons, c’est construire ici un écosystème qui participe à la montée en gamme de la filière… » poursuit Paul Martinez, directeur général des services de l’agglomération. À commencer donc par la R&D et l’innovation. Matériau, prototypage, robotisation, intelligence artificielle et digitalisation, mais aussi recyclage et réutilisation… « Nous souhaitons pouvoir innover et expérimenter à tous les niveaux de la chaîne de valeur de la filière », précise Christelle Didelot, directrice générale de Façon de Faire.
30 M€ d’investissement
Cette avancée collective doit permettre de faire aboutir le projet qui n’en est encore qu’à son commencement. Si les bâtiments fragiles ou dangereux ont déjà été rasés sur la friche, les plans eux n’en sont qu’au stade du projet… Même s’ils sont déjà largement réfléchis, intégrant des logements pour les étudiants, un accès poids lourds à la plateforme de production, ou une zone piétonisée. Une ligne de bus est déjà prévue aussi pour desservir le site depuis la gare de Bréauté, en passant par le site d’Oril. « Ce projet est important pour nous, car il va permettre de requalifier ce quartier en entrée de ville », se félicite Charlie Goudal, adjointe au maire de Bolbec.
Le site, destiné à être un lieu vivant sera, en tout cas, géré par un aménageur, via une concession d’aménagement multisites de 30 ans. Avec au total environ 30 M€ d’investissements (hors démolition) plus ou moins rémunérateurs. « C’est un projet financièrement tenu dans la durée, poursuit Paul Martinez. Reste à définir le tempo… »
Pour Aletheia Press, Benoit Delabre