Blangy-sur-Bresle : nouvelle usine pour Waltersperger

Installées dans le centre ville depuis 1916, les emblématiques verreries et cristalleries Waltersperger ont déménagé dans des locaux neufs en sortie de ville en début d’année. De quoi leur permettre de continuer à se développer en toute sérénité et de proposer des moyennes séries grâce à un nouveau four.

Stéphanie Tourres, la présidente, pérennise un savoir-faire centenaire. (Photo I. Boidanghein)
Stéphanie Tourres, la présidente, pérennise un savoir-faire centenaire. (Photo I. Boidanghein)

Dans la Vallée de la Bresle, les verreries et cristalleries Waltersperger sont définitivement à part. Créés en 1916, elles sont spécialisées dans la fabrication en semi-automatique en petite et en moyennes séries pour le flaconnage de parfums à 80 %, suivent ensuite les cosmétiques et les spiritueux. Elle peut assurer des commandes concernant les flacons pesant 15 g comme 4, 5 kg, ce qui leur vaut le surnom de « géants ». Ses clients se trouvent en France et à l’étranger, comme en Ecosse. Grâce à la présence de sous-traitants situés à proximité, elle peut prendre en charge les opérations de fabrication de A à Z : du moule jusqu’au décor et à l’habillage, un vrai confort pour les clients.

Un lumineux et sobre bâtiment de 3 250 m2

Un temps fragilisée, elle a été reprise en avril 2018 par Stéphanie Tourres avec 28 salariés. Aujourd’hui, elle en compte une grosse quarantaine : « C’était une belle entreprise avec un carnet de commandes important, se rappelle la présidente. Il a fallu gagner la confiance des salariés et retrouver celle de nos clients historiques. De nouveaux clients se sont présentés et le bouche à oreille continue d’être très bon. Pour moi, il était essentiel de faire perdurer ce savoir-faire. Avec mon commercial, nous avons effectué un gros travail. Nous sommes allés au contact des clients, des prospects… Nous avons aussi profité du regain d’activité qui a suivi la pandémie. Une pandémie qui nous a aussi retardé dans notre plus grand projet : notre déménagement. »

Des inquiétudes qui sont donc toutes enfin passées. Depuis janvier, les verreries et cristalleries Waltersperger ont investi leur lumineux et sobre bâtiment de 3 250 m2 situé sur la ZAC de la Gargatte en sortie de Blangy-sur-Bresle vers Eu : « Les anciens locaux ne nous appartenaient pas, poursuit-elle. Ils étaient hors d’âge. Etre situés en ville entrainait des difficultés de logistique. L’investissement est de 5 millions d’euros. La pandémie puis la guerre en Ukraine ont entrainé un surcout. Nous avons pu compter sur des aides de 650 000 euros de la part de la BPI, de 50 000 euros de la région Haute-Normandie, de 30 000 euros de la communauté de communes interrégionale Aumale/Blangy-sur-Bresle et de 50 000 euros du département de la Seine-Maritime. »

Entrée dans l’ère de la fabrication automatique

La configuration est beaucoup plus fonctionnelle. Les sept petits fours continuent de tourner nuit et jour et chaque équipe de fabrication est toujours constituée de trois personnes : le cueilleur, le presseur et le démouleur. Il leur faut de longs mois pour maitriser les gestes les plus complexes. Pour réduire la pénibilité, un robot de cueillage a fait son apparition sur un four pour aller chercher le verre en fusion à 1 100 °C. Chaque pièce est ensuite portée jusqu’à une arche où elle est recuite à 650 °C durant plus de deux heures avant d’être triée, confiée au service taille/polissage ou jetée au rebut.

Dans les prochaines semaines, une centrale de composition automatique entrera à service. D’ici la fin de l’année, un nouveau four démarrera. Il permettra aux verreries et cristalleries Waltersperger d’entrer dans l’ère de l’automatique et de produire des moyennes séries 24 heures sur 24 : « Nous resterons sur notre niche : fabriquer ce que les autres verriers ne peuvent pas ou ne veulent pas produire. Nos services sont complémentaires », souligne Stéphanie Tourres. Une deuxième arche entera bientôt aussi en service.

Une partie de la fabrication reste manuelle. (Photo I. Boidanghein)

À une période où la responsabilité sociétale des entreprises devient centrale, les donneurs d’ordre se montrent de plus en plus sensibles au poids du verre, à l’emploi de plus en plus important de verre recyclé ou réclament des flacons rechargeables : « Nous faisons nos propres tests, mais cela demande du temps, souligne t-elle. Nous voulons conserver une qualité extrême. »

Seuls bémols, dans cette nouvelle aventure, des tarifs d’électricité et de gaz qui ont plus que triplé : « Celui du gaz va baisser l’an prochain, se réjouit-elle avec mesure. Nous avons pu bénéficier d’un crédit à taux zéro de la part d’AD Normandie, mais bon ça reste un crédit qu’il faudra rembourser. Dans ces moments là, il faut vraiment être solides au niveau trésorerie car on ne peut pas répercuter totalement ces hausses aux clients. Cela impacte nos performances. »

« Avec mes salariés, nous formons une équipe soudée. »

De plus, comme toutes les entreprises, elles sont confrontées à un problème de recrutement : « Comme une partie du travail est manuelle, il n’y a pas de formations alors nous les assurons nous même, informe la présidente. Un de nos anciens est revenu. Il est fier de transmettre son savoir aux jeunes. Pour le moment, pour la vingtaine de salariés de la fabrication, les horaires sont : 5 heures/13 heures. Ils bénéficient de trois pauses durant la matinée. Ils profitent de leurs week-ends, ce qui apporte de la stabilité dans la vie personnelle. Leurs métiers sont valorisants. Même si nous recrutons encore dans plusieurs métiers, nous sommes et nous resterons une société à taille humaine, proche de ses clients, réactive. Avec mes salariés, nous formons une équipe soudée. Cela se voit et nos clients l’apprécient ! »

Autre motif de satisfaction, le choix par le département de la Seine-Maritime de choisir les verreries et cristalleries Waltersperger, labellisées Entreprise du patrimoine vivant, pour la grande exposition du fabriqué en France en juillet dernier. Un flacon géant de Shalimar de Guerlain avait été exposé : « C’est un honneur, une reconnaissance », confie t-elle encore émue.

Centenaire, l’entreprise est riche de plus de 4 000 moules. Une partie ainsi que de sublimes flacons de parfum ont été offerts au musée du verre de Blangy-sur-Bresle : « Je l’ai fait avec grand plaisir, qualifie t-elle J’encourage tout le monde à visiter ce musée qui abrite de belles collections et organise de formidables expositions temporaires. »