Belle saison en vue pour le camping

La saison s'annonce sous les meilleurs auspices. Le 3 avril, à Paris, la FNHPA, Fédération nationale de l’hôtellerie de plein air, tenait sa conférence de presse annuelle consacrée à l'évolution du secteur. Celui-ci a le vent en poupe. La demande est là : fin mars, les réservations affichent une avance de 6% par rapport à la même période de l'année précédente, qu'il s'agisse des vacances d'été ou des mois de septembre et octobre. Cette évolution est majoritairement le fait de la clientèle étrangère (+ 10%, par rapport à l'an dernier), mais aussi de celle française (+3%). 2024 devrait donc prolonger le succès et les tendances de 2023, année « record », selon la FNHPA. L'an dernier, les campings avaient enregistré 141 millions de nuitées, soit 4,4% de plus par rapport à 2022 et 9,3% par rapport à 2019. En 2023, les établissements de plein air avaient vu leur période de fréquentation s'élargir et la clientèle internationale, disparue avec le Covid, commencer à faire son retour.

Côté offre, en 2024, l'une des plus grandes difficultés rencontrées l'an dernier, l'embauche de personnel, devrait s'atténuer. « Cela va un peu mieux, en raison du contexte de la dégradation de la situation de l'emploi des jeunes et du fait que les campings se sont organisés pour favoriser les embauches. Toutefois, cela reste compliqué », explique Nicolas Dayot, président de la FNHPA. Par exemple, certains groupes ont mis en place des « primes de fidélité » pour les employés qui reviennent d'une saison sur l'autre. Opérationnelle depuis l'an dernier, ma-carriere-camping.fr, la plateforme de la FNHPA, recense les offres d'emploi de ses membres. Sur le sujet de l'emploi, la Fédération regrette que sa demande de récupération de la TVA sur la construction ou rénovation de logements destinés aux salariés n'ait pas été acceptée par le gouvernement.

Le camping, toujours économique ?

En dépit du retour de la clientèle internationale, celle hexagonale continue de représenter plus de deux nuitées sur trois durant l'été. Véritable tradition nationale, le camping bénéficie d'une très bonne image auprès des Français. Et il répond à leurs contraintes actuelles liées à la baisse du pouvoir d'achat. C'est ce que montre l'étude Opinion Way réalisée pour la FNHPA. Ainsi, sept Français sur 10 déclarent avoir une « bonne image » du camping. Le score monte à 74% chez les catégories sociales modestes et les jeunes de 18 à 23 ans. En tête des motivations de ceux qui choisissent le camping figurent le rapport qualité-prix (46%), la proximité avec la nature (27%), la convivialité (23%), et les équipements de loisirs ( 22%).

Depuis quelques années, une tendance nouvelle a émergé, le glamping, contraction de « glamour » et « camping », qui propose une offre originale et coûteuse. Toutefois, pour l'essentiel, le camping reste associé à l'idée de vacances abordables, selon le sondage.

Huit Français sur 10 estiment que les familles vont privilégier toujours plus le camping pour des raisons économiques. Les trois quarts considèrent que cette solution permet de s'offrir des vacances confortables à des prix raisonnables. Au total, 79% des sondés jugent que le camping est moins cher que les autres modes d'hébergement. Dans les faits, « le prix des séjours reste très raisonnable », argumente Nicolas Dayot : le camping offre la possibilité de cuisiner, ce qui permet de limiter les dépenses alimentaires, ainsi que des animations incluses dans le prix du séjour. Et la structuration de l'hébergement engendre des coûts nuit/personne inférieurs à ceux de l'hôtellerie traditionnelle, y compris durant les périodes de pleine saison, selon la FNHPA. En dépit de la diversification de la clientèle et de la montée en gamme des établissements, « la clientèle des campings reste une clientèle à budget contraint. Il reste une offre accessible à tous», pointe Nicolas Dayot.

Parc aquatique ou chasse aux déchets ?

D'après Opinion Way, la présence d'une piscine ou d'un parc aquatique fait partie des critères indispensables dans un camping pour 43% des Français, juste derrière le confort du logement (46%), mais devant la proximité avec la nature (42% ) ou la mer (39%). Cette attente de la clientèle n'est que l'un des multiples paramètres avec lesquels doivent jongler les campings qui opèrent au sein de milieux naturels fragiles. Parmi les enjeux majeurs auxquels ils sont confrontés figurent celui de la consommation d'eau. « Dans l'imaginaire, les campings sont de forts consommateurs d'eau. C'est vrai, mais pas autant que l'on ne le pense. Toutefois, nous avons des progrès importants à faire », avance Gé Kusters, vice président de la FNHPA. Certains établissements se sont engagés dans des démarches vertueuses : ils récupèrent l'eau de pluie pour arroser les plantes ou pour les toilettes, mettent en place des économiseurs d'eau sur la robinetterie... Mais au delà de ces volontaires- par exemple, certifiés Ecolabel - « notre objectif consiste à transformer la totalité des campings », avance Nicolas Dayot. Au total, 6 millions de m3 d'eau pourraient être économisés par saison. Et en juillet 2023, la Fédération a signé une charte d'engagements « plan de sobriété eau » qui vise la réduction de la consommation du secteur de 10%, d'ici 2030.

Autre enjeu crucial pour les campings, leur consommation d'énergie, sujet encore plus prégnant avec l'électrification des voitures. A ce titre, la FNHPA a, par exemple, noué un partenariat avec Stations-e, spécialiste de la recharge électrique. Le prestataire installe des stations multi-services connectées dans les campings, sans coût pour les propriétaires fonciers, ce qui permet aux vacanciers de recharger leur voiture. La Fédération encourage aussi la production d'énergie des campings, avec le soutien de l'Ademe, Agence de la transition écologique. A l'agenda aussi, la réduction des produits phytosanitaires et des déchets. En septembre, les campings participent à la « journée internationale du nettoyage », leurs hôtes sont invités à participer à la chasse aux déchets, animation peut-être moins demandée, mais plus vertueuse pour l'environnement... que le parc aquatique.