Axe Seine : les industriels s'engagent pour la décarbonation
À l'occasion de la visite du ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, les trois associations d'industriels de l'Axe Seine (Incase, Upside et Synerzip LH) ont présenté leurs projets pour limiter leur impact sur l'environnement.
« Je ne suis pas là pour vous dire que vous êtes le problème, mais que vous êtes porteurs de solutions », s'exclame Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique en visite à Grand-Couronne, près de Rouen, mercredi 9 novembre, pour aborder la décarbonation de l'industrie. C'est sur le site industriel de Saipol que le ministre a rencontré les acteurs des trois associations d'industriels du territoire, Upside, Incase et Synerzip LH.
Au lendemain de la réunion du président de la République avec les 50 sites industriels les plus émetteurs de gaz à effet de serre en France, l'objectif est clair : « diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre », lance Christophe Béchu. L'industrie représente 20% des émissions de CO2 de la France, soit environ 77 millions de tonnes de CO2 par an. « Ces 20% d'émissions sont localisées », rappelle le ministre de la Transition écologique, notamment sur les 50 sites les plus émetteurs reçus à l'Elysée mardi 8 novembre (qui représentent 43 millions de tonnes sur les 77 millions). Ces 50 sites sont concentrés sur trois bassins dont l'Axe Seine qui représente 10,7 millions de tonnes de CO2 (après Dunkerque et Fos).
Un dossier commun pour l'appel à projets ZIBAC
« La décarbonation de l'Axe Seine, on y réfléchit depuis longtemps », rappelle Régis Saadi, président de France Chimie Normandie et de l'association Upside. Regroupés en trois associations (Upside, Incase et Synerzip LH), les acteurs industriels de l'Axe Seine, en lien avec Haropa, ont rappelé leur coopération. À quatre voix, ils vont répondre à l'appel à projets de l'Ademe sur le développement des Zones industrielles bas carbone (ZIBAC).
Un appel à projets en deux temps avec une première phase de maturation jusqu'en 2025. « On propose une quarantaine d'études, qui ne seront pas toutes acceptées, qui représentent 10 à 12 millions d'euros pour cette première phase », précise Bruno Petat, représentant l'association Synerzip-LH. Après cet inventaire, la deuxième phase se déroulera sur 5 à 10 ans avec des investissements et d'autres études. Le dépôt du dossier doit avoir lieu le 15 novembre. Parmi les sujets en réflexion, les industriels mettent en avant la valorisation de la chaleur fatale, la mise en place de nouvelles énergies (photovoltaïque par exemple), la valorisation du déchet industriel ou encore la ressource en eau.
Un consortium pour le captage de CO2
En parallèle de ce dossier commun, Régis Saadi, président de Upside, a également présenté un projet impliquant un consortium de cinq entreprises, Air Liquide, Yara, ExxonMobil, TotalEnergies et Boréalis, autour du captage de CO2. « L'idée est de capter le CO2 sur ces cinq grands sites, via une canalisation qui va de Rouen au Havre, le transporter par voie maritime entre Le Havre et la mer du Nord pour l'enfouir », explique Régis Saadi. Ce travail déjà bien engagé en Europe du Nord ne décourage pas les industriels qui se veulent optimistes : « On a des chances de les rattraper voire même d'aller plus vite », lance Régis Saadi. La mise en démarrage de ce projet est prévue pour 2027. « On est sur un projet très ambitieux, mais complémentaire à des démarches à court-terme pour tenir les engagements », répond Christophe Béchu.
Un message bien passé aux industriels de l'Axe Seine qui ont pour ambition de devenir « la première zone industrialo-portuaire décarbonée au monde ».