À Limésy, on construit "la ville sur la ville"
L’approche globale de l’urbanisme de la commune de Limésy, a séduit le CAUE 76, qui y voit un exemple pour les communes rurales, dans le cadre de la ZAN.
Zéro Artificialisation Nette des sols (ZAN)… Le sujet n’a pas fini d’agiter les collectivités dans les mois qui viennent. « Ce sujet est perçu comme une contrainte, relève Vincent Duteurtre, le directeur du Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE 76). Mais c’est aussi une opportunité d’une certaine manière. Cela nous oblige à penser différemment. » Comme à Limésy, par exemple, où l’on s’y prépare de longue date, sans vraiment le savoir, avec des résultats concluants. Au point que CAUE 76 a souhaité en faire un exemple, à l’occasion d’une visite organisée le 5 juin. « Ce qui nous a plu à Limésy, c’est l’approche globale et l’anticipation dont ont fait preuve les élus », résume Eric Piard, architecte conseil au CAUE 76.
C’est à l’occasion de la transformation de son Plan d’Occupation des Sols en Plan Local d’Urbanisme, entre 2006 et 2012, que la municipalité s’est emparée du sujet. « Nous présentions bien que la consommation d’espaces agricoles était trop importante, se souvient Jean-François Chemin, le maire de la commune. Ce travail nous a permis de mieux prendre conscience des réalités. » Conséquence immédiate : en redessinant la destination des sols, le PLU a permis au total de rendre 2 ha de surfaces à bâtir à l’agriculture… Mais surtout, la municipalité a lancé alors de grands projets pour densifier son centre-bourg. Avec l’objectif aussi d’améliorer l’attractivité de la commune.
Logements, commerces et qualité de vie
Adjacente à un terrain, déjà, propriété de la commune, une friche agricole constituée d’un corps de ferme et d’1 ha de terrain est achetée en 2007. Aujourd’hui, cet espace accueille 24 logements (dont 8 en collectif et certains sociaux) et leurs places de stationnement, des jardinets, un espace vert central, la bibliothèque municipale, et l’extension des écoles primaires et maternelles… En parallèle, la municipalité soutient aussi le projet d’un investisseur privé pour l’acquisition d’une friche en bordure de départementale : une ancienne coopérative agricole, qui aujourd’hui accueille les principaux commerces, autrefois disséminés dans la ville.
Pharmacie, boulangerie, épicerie, boucherie… Tout est ainsi regroupé au même endroit, sur une zone passante, et avec un parking partagé. « Lorsque le projet s’est monté, nous l’avons proposé aux commerçants qui ont tout de suite vu l’opportunité et l’intérêt d’être regroupés », se réjouit Jean-François Chemin. Outre le renforcement des commerces de proximité le projet a aussi permis de déporter une partie de la circulation. Les friches créées par le déménagement de ces commerces ont rapidement été réhabilitées, comme par exemple la boulangerie transformée en Maison d’Assistantes Maternelles…
Maîtriser le foncier
Sur sa lancée, la commune rachète aussi, derrière la mairie, une maison inhabitée et son annexe. Les bâtiments rasés, la parcelle accueille depuis moins de 2 mois, une « maison des bien-être ». À l’étage 6 logements, propriétés du bailleur social Logeo Seine. Et au rez-de-chaussée, cinq cases commerciales, propriétés de la commune, sont occupées par des professionnels de santé : kiné, infirmières, orthophoniste, psychologues… « Nous avons souhaité rester propriétaires pour proposer des loyers modérés à ces professionnels qui sont un facteur important d’attractivité », poursuit l’édile.
En 15 ans, Limésy a gagné 100 à 120 habitants environ, sans consommation foncière excessive. Et elle a d’autres projets. « La difficulté en milieu rural, c’est qu’il y a peu de friches, mais il y a encore quelques zones sur lesquelles on a les yeux », sourit Jean-François Chemin. La commune travaille d’ailleurs avec l’Etablissement public foncier pour acquérir de nouveaux terrains. « Si on veut maîtriser son développement, il n’y a pas de secret : il faut contrôler son foncier » conclut le maire de Limésy.
Pour Aletheia Press, Benoit Delabre