2021 : l'été du tourisme solidaire ?
Face aux conséquences délétères du tourisme de masse, un autre type de tourisme exigeant, équitable et solidaire, propose de nouvelles manières de voyager. A l'étranger, mais aussi en France.
Plus de la moitié des détritus en Méditerranée sont liés au tourisme balnéaire ; l'île de Boracay (Philippines) a été obligée de fermer six mois, en 2018, tellement elle était polluée par les hôtels déversant leurs eaux usées dans la mer...5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) sont imputables au tourisme... Et il ne s'agit là que de quelques exemples de ses effets pervers, relevés par le site officiel service-public.fr. Face à ces conséquences du tourisme de masse, des pratiques différentes, particulièrement rigoureuses se sont développées, principalement depuis les années 90. Elles s'efforcent de conjuguer tourisme et environnement, développement local, respect des peuples rencontrés, voire, action en faveur des causes humanitaires.
Aujourd'hui, l'ATES, Association pour le tourisme équitable et solidaire, créé en 2006, réunit une trentaine d'acteurs du tourisme (opérateurs, hôtels), engagés pour « faire du tourisme un levier de développement et de solidarité avec les populations et acteurs locaux ». La liste des critères est longue, pour obtenir le label Tourisme Équitable® délivré par l'ATES. Concrètement, les programmes des voyagistes sont élaborés avec des acteurs locaux. Le souci de promouvoir le développement de la région concernée sans déstabiliser son écosystème économique pré-existant est posé en priorité. Les voyages sont réalisés en petits groupes, et font la part belle aux rencontres avec les habitants. Ainsi, l'hébergement se déroule volontiers chez ces derniers, ou en tout cas, dans de petites structures.
Le monde à Madagascar et Briançon
Originellement, le tourisme équitable et solidaire était plutôt tourné vers les destinations à l'étranger, voire lointaines. Ainsi, depuis plus de 20 ans, le voyagiste Vision du monde , propose des destinations « aux autres coins du monde », sur tous les continents (Europe comprise). Mais aujourd'hui, le tourisme équitable et solidaire prend également une dimension plus locale. Parmi les membres de l'ATES, figure ainsi Zazie Hôtel (à Paris), une Entreprise solidaire et d’utilité sociale (ESUS). A la réception, pour le nettoyage des chambres, elle emploie des salariés en insertion sociale par l'emploi. Et l'établissement, s'inscrit dans une démarche commune avec d'autres acteurs locaux. Il participe à l'initiative PariSolidari-Thé, laquelle organise des jeux de pistes solidaires dans plusieurs quartiers. Quant à ses clients qui souhaitent visiter la ville, l'hôtel suggère de s'adresser aux « Greeters parisiens », des habitants désireux de faire partager des lieux favoris…
Les engagements à la base de la démarche du tourisme solidaire, conjugués aux bouleversements géopolitiques actuels, aboutissent parfois à des propositions de voyage surprenantes. A l'image du séjour « Solidarité et rencontres au cœur des Alpes », proposé par l'agence Rencontres au bout du monde, cet été : il prévoit des rencontres avec les exilés de multiples nationalités hébergées à la Maison Bessoulie, à Serre Chevalier, tout près de Briançon (Hautes-Alpes).