U2P Normandie : « Nous devons augmenter les salaires »
Fin d’année oblige, l’Union des Entreprises de Proximité de Normandie a profité de la visite du président national, Michel Picon, pour réaliser un point de situation.
Ce 29 novembre à Rouen, Florian Leclerc, président de l’Union des Entreprises de Proximité (U2P) Normandie recevait Michel Picon, président national. L’occasion de faire un point sur les inquiétudes du moment et d’évoquer des pistes de travail. « Au niveau régional, le constat est très proche de la situation nationale », résume Florian Leclerc. Crise sanitaire, guerre en Ukraine, flambée du coût de l’énergie et des matières premières, remboursement des PGE… La conjoncture, sans surprise, est difficile. « Au deuxième trimestre de 2024 au niveau national, l’emploi salarié des entreprises de moins de 20 employés des secteurs de proximité (artisanat, commerce, professions libérales) a une nouvelle fois enregistré une baisse : -0,9 % par rapport au trimestre précédent et -1,4 % par rapport au deuxième trimestre 2023 », explique l’U2P.
Du côté des défaillances au second trimestre 2024, elles sont à nouveau élevées : +20% en glissement annuel. « Dans les médias, on parle partout des milliers de licenciements annoncés par Michelin ou Auchan. L’Etat, quant à lui, met en place des mesures d’accompagnement. Mais qui se préoccupe des 1 500 emplois qui disparaissent, chaque semaine, dans nos entreprises ? », se désole Michel Picon. Parmi les secteurs les plus touchés, l'artisanat du BTP, notamment dans la construction de bâtiments résidentiels, les travaux de finition, la maçonnerie générale ainsi que les agences immobilières, les architectes…
120 558 entreprises en Normandie
La Normandie compte, de son côté, 120 558 entreprises artisanales, commerciales et libérales dont 61% sont dans le secteur marchand. Particularité de la région au second trimestre, le secteur de l’alimentation de proximité s’en sort mieux, +0,5% d’activité contre -1,9% au plan national. Petite progression aussi pour les entreprises de proximité de la fabrication et des services avec +1,7% contre -0,3% au niveau national. « Nous n’avons pour l’instant pas de données départementales qui sont difficiles à obtenir, par contre nous ne constatons pas vraiment de différences entre les zones urbaines et rurales », complète Florian Leclerc.
Pour autant, Michel Picon veut croire en un avenir meilleur. Et pour relancer l’économie, il avance une idée : « Nous n’avons pas le choix, nous devons augmenter les salaires. Nous ne voulons pas, de toute façon, employer des travailleurs pauvres ». Mais le président national de l’U2P le reconnait : « Aujourd’hui, nos entreprises n’ont pas le moyen de le faire. » Alors ? S’il n’est pas question de toucher aux acquis sociaux, notamment au système de santé, pourquoi ne pas élargir les sources de financements ? « Chacun doit être soigné et remboursé de la même façon. Mais pourquoi faire supporter le coût de la sécurité sociale uniquement aux travailleurs ? », avance, à titre d’exemple, Michel Picon.
Bénéficier aux salariés
Lequel suggère des rééquilibrages mesurés et ciblés en incluant d’autres sources de financement en ce qui concerne les prélèvements maladie et prestations familiales. « Aujourd’hui, sur 100 euros, un salarié touche effectivement 54 euros, un actionnaire 70 euros, un retraité 83 euros et un héritier 96 euros », complète Michel Picon qui estime que 20 à 25 points de cotisations sur les salaires pourraient être transférés. « Mais il ne s’agit pas que les entreprises s’enrichissent, cela doit bénéficier entièrement aux salariés et devra être strictement encadré », avertit Michel Picon. Le président de l’U2P sera-t-il entendu ?
Pour Aletheia Press, Laetitia Brémont
« On ressent moins d’engouement pour l’installation de chaudière neuves »
Au cours de sa visite en Seine-Maritime, Michel Picon, président national de l’U2P a visité plusieurs entreprises de proximité. Parmi elles, Technitherm, spécialisé dans l’entretien des chaudières et leur installation. L’entreprise, dirigée par Benoit et Céline Mollien, est installée à Darnétal et compte huit collaborateurs. Le contexte économique difficile se fait ressentir. « On ressent moins d’engouement pour l’installation de chaudières neuves, les projets sont repoussés », constate Benoit Mollien qui s’adapte à une clientèle à 90% de particuliers. « On met en avant les économies d’énergie que permet une installation neuve mais on fait aussi désormais systématiquement un devis de réparation »
poursuit le gérant qui alerte également sur les problèmes à trouver des pièces détachées pour des chaudières anciennes. De son côté, Céline Mollien note plus de demandes d’interventions pour changer une pièce (voire une chaudière) déjà achetée ailleurs par le client. « Nous refusons toujours pour des questions de responsabilité : nous n’avons aucune information sur la pièce qui a pu être achetée sur internet » poursuit-elle.