L’égalité salariale comme pilier de l’égalité des chances
En ouverture de la Semaine de l’entreprise responsable et inclusive (du 3 au 7 octobre), organisée par le Medef et l’Association française des managers de la diversité (AFMD), a été présentée la 11e édition du baromètre 2022 du Medef sur la perception de l'égalité des chances en entreprise. Revue des principaux enseignements.
Pour 91 % des salariés français l’égalité des chances en entreprise reste un enjeu prioritaire ou important, selon le baromètre du Medef de la perception de l’égalité des chances*. Celle-ci passe, pour plus d’un salarié sur deux par l’égalité salariale, ce aussi bien pour les femmes que pour les hommes ; et par l’égalité hommes/ femmes pour les 1 500 salariés interrogés. « Les collaborateurs veulent des preuves et les preuves passent par les femmes et par l’argent », commente Armelle Carminati, présidente du comité « Entreprise inclusive » du Medef.
Autre résultat significatif, la meilleure connaissance par les salariés des politiques internes menées par les entreprises sur ces questions d’égalité des chances (+7 %, à 33 %). Cette connaissance d’une mission, d’un service ou d’un poste dédié dans leur entreprise, varie en fonction du sexe, les hommes (37 %) ayant une meilleure connaissance de l’existence de ces entités que les femmes (27 %), probablement parce que « plus gradés qu’elles » ; de l’âge, les 25-34 ans (40 %) étant plus informés et « aux aguets » que leurs aînés de plus de 50 ans (23 %) ; et de la catégorie socio-professionnelle, les cadres (48 %) ayant davantage accès, semble-t-il, à ces informations que leurs collègues employés (28 %) et ouvriers (24 %).
Des entreprises vues comme source de diversité
Une majorité de salariés, soit 82% (+ 11 %, en cinq ans), ont le sentiment que leur entreprise représente bien la diversité de la société. Et 77% d’entre eux (soit le plus haut niveau), continuent d’avoir confiance dans leur avenir au sein de leur entreprise. Les voyants semblent donc plutôt au vert dans les entreprises.
Dans le même temps, le baromètre révèle la diminution (-2%) de la crainte d’être un jour victime de discrimination dans son entreprise. Ainsi, moins d’un salarié sur trois aurait cette inquiétude, l’âge restant de loin la discrimination la plus redoutée, quel que soit le sexe, suivi par l’apparence physique et le niveau ou le type de diplôme. « Depuis dix ans, la proportion va dans le bon sens, puisque l’on est à un plus bas historique ». Autre constat, « si les femmes vivaient avant avec une plus grande appréhension, ce n’est plus le cas aujourd’hui », se réjouit Armelle Carminati.
En revanche, sur le marché du travail, la crainte de discrimination est plus importante : près d’un répondant sur deux pense qu’il pourrait un jour en être victime à l’embauche. « Cela confirme la confiance qu’ont les salariés dans leur entreprise ». Si près de huit salariés sur dix estiment avoir au moins une caractéristique potentiellement stigmatisante (en tête : origine sociale modeste ; séniorité ; parcours scolaire ou professionnel atypique), ils ne ressentent pas pour autant de forte appréhension de discrimination à ce sujet. Ainsi, une différence n’entraîne pas nécessairement un sentiment de discrimination chez les salariés. Par exemple, alors que 22 % se déclarent d’origine modeste, ils ne sont que 6 % à penser qu’ils pourraient être victimes de discrimination sur le marché du travail, en raison de leur origine sociale.
Nouveaux sujets de tensions
Néanmoins, le baromètre a mesuré un nouveau sujet auquel les salariés sont confrontés : les « comportements vécus comme extrêmes ». Ces comportements, qui se définissent comme « des attitudes de la part de collègues d’une intransigeance absolue, aux exigences disproportionnées pour la sérénité du climat de travail » augmentent. Ainsi, de nouveaux sujets de tensions émergent dans les entreprises, via l’expression d’opinions personnelles immodérées, telles que des opinions religieuses extrêmes, la protection de l’environnement ou la propagation d’idées complotistes. Plus d’un tiers des salariés y auraient déjà été confrontés. Néanmoins, ils se montrent plus tolérants que l’année passée face à ces comportements.
*Étude réalisée en ligne par TNS Sofres pour le Mouvement des entreprises de France, auprès d’un échantillon de 1 500 personnes, du 16 au 30 mai 2022
Charlotte DE SAINTIGNON